L'histoire :
23 août 1572. Catherine de Médicis demande à son fils Charles IX d’ordonner le meurtre de l’amiral de Coligny, l’un de ses plus proches conseillers, qu’il appelle d’ailleurs « mon père ». L’objectif de sa mère, de son frère cadet le duc d’Anjou et de l’ensemble du conseil du Roi est en fait d’assassiner les chefs protestants venus à Paris pour célébrer le mariage d’Henri de Navarre, futur Henri IV, cousin du Roi, avec sa sœur Marguerite de Valois, qui deviendra plus tard « la Reine Margot ». A minuit sonnés, le massacre de la Saint-Barthélémy débute, enfle, dérape et fera plusieurs (dizaines de ?) milliers de morts. Cet acte barbare est l’élément déclencheur de la lente descente dans la folie de ce jeune roi qui n’était pas fait pour gouverner. Du changement de la date du jour de l’an à la distribution de muguet à ses sujets pour le 1er mai, tous les efforts de Charles IX pour se réconcilier avec son peuple vont être d'incroyables et piteux échecs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pas facile d’adapter en BD un roman écrit par un ancien auteur de... BD. Du moins en théorie, car Richard Guérineau donne ici vie à un texte à la fois grave et léger, pétillant de malice et bien construit. Mieux : le rythme qui est donné au récit emprunte à des univers différents et donne une réelle intensité dramatique, ou comique, qui n’était pas facile d’accès au lecteur du roman de Jean Teulé. Le premier chapitre notamment, découpé comme une scène de western et qui permet de ressentir la pression insupportable imposé à « Charly » par sa mère, son frère cadet et l’ensemble de son Conseil. La capacité de Guérineau à travailler les plans serrés fait des merveilles sur le texte de Teulé qui est à la base, déjà, très nerveux, avec des chapitres très courts, comme des saynètes. Le résultat est réellement détonnant pour cet album, que l’on dévore, malgré sa longueur (près de 130 pages). D’autant que, porté par le très beau texte de Teulé, Guérineau s’offre deux escapades complètement décalées, mais pour tout dire jouissives : chez Peyo avec Charly IX dessiné à la manière de Johan (sans Pirlouit), ainsi que chez Morris avec la reprise de la page de couverture de « Western Circus ». Mieux, il sait aussi déserter les mots du roman pour illustrer, de manière magique, deux des dernières scènes, avec les poèmes de Ronsard, poète préféré de ce roi si sensible. Une vraie belle réussite.