L'histoire :
C’est par hasard qu’Ella a retrouvé Juan/Jean-Marc : il était en pleine « affaire » à la terrasse d’un café, occupé à trouver les lèvres d’une charmante conquête. Mais l’intervention inopinée d’Ella a brisé cet amour naissant. Cette dernière, hilare, s’empresse d’alerter ses copines Claude et Frédé qui se souviennent parfaitement de ce lycéen au brushing à la Brandon Walsh, de « celui qui coince son peignoir en soie entre les fesses pour être bien sec le matin » : pas question de rater l’occaz de refaire un voyage dans les années lycée. Le temps heureux où Ella avait la lourde responsabilité de promener le cahier de textes de la classe et celui, plus douloureux, où l’on apprenait la disparition de son chanteur adoré en laissant couler de grosses flaques sur ces joues… Pour Juan, c’était l’époque des teufs à gogo, celles qu’il organisait dans la grange à Pépé, au prix d’une intense rébellion familiale. Des soirées où Claude et Frédé devaient lutter dur avec les « pétasses à cul » de seconde A et noyaient leur rancœur dans quelques toxiques à boire ou à fumer. Content d’avoir quitté 3 petites saucisses et retrouvé 3 grands et beaux boudins, Juan ne les quittera plus, au risque de partager avec elles certains rêves dans lesquels ils se retrouvent dans la fourrure d’animaux divers et variés, ou luttent pour la survie contre des zombies mangeurs de cerveaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enfant, on a tous joué à ce petit jeu en voiture, dans lequel l’un imaginait le début d’une histoire et s’arrêtait brutalement pour laisser l’autre se saisir du récit : un petit ping-pong qui donnait lieu à des histoires souvent décousues avec des chutes qui suscitaient inévitablement l’utilisation de la gifle ou du poing… C’est en usant de la même contrainte, mais avec du talent et des pinceaux, que Boulet, Domitille Collardey, Lisa Mandel, Aude Picault et Erwann Surcouf ont respectivement donné vie à Ella, Frédé, Juan, Claude et Fern : les Chicou Chicou. On est, à l’époque, en 2006 et, mode oblige, l’équipe choisit pour support le médium le plus effervescent du moment : le blog, dont certains des auteurs sont des adeptes convaincus. Un espace pouvant donner libre cours à leur imagination comme le fanzine en son temps. On assiste alors quotidiennement, à des historiettes où chaque auteur prend tour à tour la main, pour des récits parfois drôles et souvent déjantés, dans lesquels ils laissent beaucoup de leur personnalité. Sous couvert de fabulettes délirantes, on se retrouve souvent, pour peu que comme les auteurs on fasse partie de cette génération geek trentenaire amu-désabusée. Le travail graphique, bien qu’à 10 mains, est assez uniforme avec pour lien le rose qui s’infiltre dans chaque dessin. On est très proche des autres productions de blogs-BD : un dessin peu chargé qui va à l’essentiel. Consacrant le succès du blog, on peut tout de même douter de l’intérêt de ce format papier. Il ne semble, en effet, pas des mieux adaptés : un clic sur le blog nous en convainc pleinement, tant la mise en scène et le dessin semblent bien mieux y respirer. De surcroit, les 448 pages et le prix élevé de l’ouvrage risquent d’en rebuter plus d’un…