L'histoire :
Dans la campagne d’un Japon légendaire, une cohorte de calèches se rend en ville. Parmi les voyageurs, une maman et son bébé vont au temple pour y bénir l’enfant, comme l’exige la coutume, à son 30e jour. Mais une révolte d’ouvriers et de paysans attaque le convoi et massacre toute vie dans la région ! Seul le bébé, abandonné au courant d’une rivière dans son couffin, survivra. 13 ans plus tard, Daisuke est un ado intrépide élevé par son grand-père. Bravant les autorités, il escalade un enclos gardé pour voir ce qu’il y a à l’intérieur. Si cette « bravoure » en fait le caïd de sa bande de copains, Daisuke se fait surtout respecter parce qu’il a un comportement étrange et imprévisible, ou parce qu’il ressent les choses différemment. En réalité, Daisuke parle parfois avec des fantômes ou des divinités. Ainsi Inari, le Dieu du riz, lui annonce le chaos à venir. Peu après en effet, dans une forteresse en plein cœur de la ville, un homme que l’on dit être le bras droit de l’énigmatique et cruel commandant Saru, se transforme en lézard géant et ravage tout sur son passage ! Suite au carnage, le grand-père de Daisuke est gravement blessé. A l’agonie, il confie au garçon la voie à suivre pour sauver son peuple…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier volet de cette nouvelle trilogie asiatique marque l’entrée dans le catalogue Delcourt du duo d’artistes italiens Paglioro/Pancini (qui colorise également sous le nom du Studio KMzero), déjà aux pinceaux sur la série L’ennemi chez Casterman. Ils évoluent ici dans un tout autre genre, celui des légendes asiatiques, sur un scénario d’Alessandro Bilotta… guère original en la matière. En résumé, accrochez-vous, un jeune élu va sauver le monde du chaos des dieux. Soit ce qu’il se passe dans à peu près 90% des récits d’heroïc-fantasy. Cela se concrétise ici par un parcours initiatique et un ultime kaiju eiga (un combat de monstres géants, du type Godzilla ou Goldorak), dont les aspects spectaculaires sont étouffés par des cases chargées et riches en couleurs ocres et rouges. Car l’accent a été effectivement porté sur le traitement graphique. Pagliaro et Pancini trouvent parfois un compromis intéressant entre le type de dessin inhérent au 9e art et certaines représentations picturales traditionnelles asiatiques. Concrètement, la poésie primale qui en émane, se partage avec le mauvais goût kitsch qu’on trouve souvent aux murs des restos chinois (cf p.35-36). Une mise en bouche singulière, qui ravira sans doute les amateurs de légendes asiatiques…