L'histoire :
Au début du XXème siècle, la jeune Faith – surnommée Comtesse – est à la croisée de plusieurs bouleversements dans son existence. Premièrement, son père vient de décéder, alors même qu’elle se situe à la transition de l’enfance et de l’âge adulte. Deuxièmement, sa grande sœur Verity emménage avec son époux, Anton, à Londres. En tant qu’héritière majeure et dernière tutrice de Comtesse, elle met donc en vente le cottage de campagne dans lequel elles ont toujours vécu. Comtesse tente de négocier, mais elle n’a pas les arguments pour retenir sa cœur, ni les moyens financiers d’entretenir seule une telle propriété. Verity lui dit les vérités de manière crue et frontale… la gouvernante Polly s’occupera d’elle encore quelques semaines et ensuite, Verity conseille à sa sœur de se marier avec un certain Gideon, pour s’occuper de sa vieille mère. Enfin, Comtesse est atteinte d’une maladie qui parait incurable – a priori la tuberculose – et Anton, médecin de profession, ne parvient pas à l’endiguer. Dès qu’elle le peut, l’adolescente se réfugie dans son monde imaginaire de la forêt des lilas, où vivent le chat Ninon en tenue de marquis, la douce biche, des « luciolétoiles » et des poissons asiatiques agaçants. Mais il semble que la douceur de ce microcosme onirique soit lui aussi en pleine mutation et bascule dans l’inconnu morbide…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nathalie Ferlut en tant que scénariste et Tamia Baudouin en tant que dessinatrice, s’associent pour cette Forêt des lilas, un conte morbide dans la lignée des univers sombres et étranges de Tim Burton, qui aurait pu trouver une place légitime au sein de la collection Métamorphose de Soleil. Une jeune fille y tient le rôle principal pour un virage du destin plus que tourmenté : elle doit accepter de devenir adulte, de perdre son père, d’abandonner sa maison de campagne qui a toujours été son cocon d’enfance, et en prime d’être condamnée à mort à court terme (1 an maximum) par une maladie incurable. Toutes ces contraintes existentielles lourdes la poussent à se réfugier dans un univers onirique jusqu’alors doucereux, mais qui subit logiquement lui aussi des mutations épouvantables. Au sein d’une ambiance graphique riche et stylisée, les autrices jouent avec les créatures fantastiques et les évènements fabuleux de ce monde imaginaire, à la manière d’Alice au pays des merveilles, pour accentuer et mettre en scène l’idée des deuils multiples. La tuberculose est une fleur rouge qui pullule et poursuit l’héroïne, les poissons (omniprésents sur la vaisselle réelle) hantent le refuge onirique de Comtesse, la protectrice biche devient oiseau macabre, un démon allié de la grande faucheuse… Brrr, que tout cela est triste ! Triste mais beau, plein de sens multiples, qui incitent les adolescent(e)s à accepter de devenir adultes.