L'histoire :
Au port de la Mer des Humeurs, Don Lope et Armand sont conduits, de nuit, jusqu’à la taverne du « chat qui pétune », mais gare ! Ce bouge infect croise tout ce qu’Agathararchidès compte de larrons et autres ruffians. N’aie crainte Eusèbe. Nos compères seront prudents et courtois comme il sied à des gentilshommes… Et à la première salutation, Armand se voit contraint de relever le gant. En garde maraud ! L’affaire se règlera à la rime. Quelques alexandrins plus tard, l’imposant Adynaton, favori de Calliope, leur confie que seul le vieil érudit Battologio d’Epanalepse serait à même de les renseigner : il est à craindre que le maître d’armes ne soit parti pour la face cachée de la lune chasser des chimères… Diable ! Pas un corsaires n’accepte de les embarquer jusqu’en ces eaux fantasmagoriques et tumultueuses. Heureusement, au détour d’une ritournelle, matamore, rouquin et lapin sympathisent avec le capitane Boone et ses pirates, qui acceptent de les y mener. Le temps presse car le prince Jean et Mendoza préparent la guerre, tandis que le mystérieux marquis des Trois Cratères complote en coulisses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Molière ne l’aurait pas renié ! La Fontaine, probablement pas plus. De Cape et de Crocs est sans doute la farce la plus théâtrale du 9e art franco-belge. Nulle question ici de réciter fébrilement devant une classe de collège ennuyée, des vers incompris. Alain Ayroles invite son lecteur à toujours plus de fantaisie, distillant savamment jeux de mots et autres contrepèteries. La bande dessinée est aujourd’hui un art « populaire » (au sens noble du terme) comme le théâtre fut longtemps celui des monarchies « éclairées ». Comiques de geste, de répétition, de situation… rien ne manque à la bonne humeur d’un public réjoui. Depuis maintenant sept actes, la rime sélénite fait mouche « cent coups (et) fait rire ». Gare ! Cette fois encore à la fin de l’envoi, elle touche. Quelques morceaux de bravoure écrits à la pointe de l’épée sont déjà passés à la postérité (ce con de poulet du capitaine Boone !) et feu le garde du cardinal, au demeurant lapin de son état, Eusèbe, n’en finit plus de divertir à ses dépens (?). A cela, ajoutons le trait et les couleurs affable et chatoyantes du compère Jean-Luc Masbou, grâce à qui l’alchimie jamais ne faillit. Et, le rideau levé, sur l’estrade dressée, lorsque au détour d’un premier coup de théâtre, un second prend à contre-pied : « Chasseurs de chimères »… Absurde. Tout est pourtant dit. Ce titre résume à lui seul la série. Comment d’un ton satirique, volontiers poétique, s’amuser d’une réalité des plus primaires…