L'histoire :
C’est la belle saison des moissons. Eusèbe, petit lapin blanc courageux et candide, fait route à pied vers la capitale, où il espère se faire engager au sein de la compagnie armée des gardes du cardinal. Il possède une lettre de recommandation de son père – lui-même ancien garde – ainsi qu’une bourse de 100 écus. Sa première rencontre avec Monsieur de Limon, le Grand Veneur, manque pourtant de tourner au drame : après avoir mis en fuite l’innocent faon qui servait de cible à la troupe de chasseur, Eusèbe est lui-même pris en chasse. Il se réfugie au sein du manoir d’une marquise de la haute, qui lui offre le gîte et le couvert (chic, une carotte !). Le lendemain, Eusèbe reprend la route, en compagnie d’un montreur d’ours et de sa bestiole. Hélas, ces compagnons le dépouillent sitôt la capitale atteinte. Démuni, Eusèbe rencontre un poète ambulant, Monsieur de Lisière. Celui-ci vient d’honorer un juteux contrat auprès d’un noble inconnu… ce qui lui permet d’inviter Eusèbe à la table d’une taverne (chic, du navet !). Le lendemain, Eusèbe tente toute de même sa chance en postulant auprès de monsieur de Roquefort, le sévère maître des gardes. L’homme reconnait en Eusèbe le fils du lapin qui l’a jadis sauvé… et ainsi Eusèbe est-il accepté dans la formation. Cependant, en marge de ce parcours, un jeu de manigances se trame au sommet de l’état pour la place de premier ministre, que se disputent trois prétendants : Colvert, Souchet et… Monsieur de Limon.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On vous avait annoncé les pérégrinations zoomorphiques de messieurs de Villabos et Maupertuis abouties, et donc la série De cape et de crocs terminée ? Que nenni, maraud ! Nos talentueux auteurs – messieurs Alain Ayroles au scénario et Jean-Luc Masbou au dessin – remettent le couvert pour une suite en diptyque et en forme de préquelle. Cette dernière s’attache à dévoiler le passé du petit lapin Eusèbe, faire-valoir très attachant des deux précédents héros : comment une si petite créature s’est-elle retrouvée garde du cardinal, embarquée à la suite de prodigieuses aventures ? Le bénéfice est double. Primo, ceci est une toute nouvelle histoire, fraîche et pimpante, qui évite d’étirer et de délayer dans la longueur des pérégrinations bel et bien achevées. Deuxio, vous pouvez tout de même vous réjouir de retrouver une exceptionnelle verve dialoguée et littéraire, ainsi qu’une mise en œuvre graphique exemplaire. Le verbe soigné d’Ayroles trouve une fois de plus un support à sa mesure avec le dessin détaillé de Masbou, au sein d’un découpage idéalement cadré et rythmé. Et les vers en alexandrins s’alternent aux situations folkloriques… Et les subtils traits d’humour se partagent aux séquences touchantes… Bref, on s’attache plus encore – s’il était possible – à ce héros hors-norme, terriblement… mignon !