L'histoire :
Robert Walton est en expédition à bord d’un voilier dans les glaces de l’océan arctique. Il cherche à confirmer ou infirmer la théorie selon laquelle le pôle nord est un paradis tropical, voire le jardin d’Eden. Car certains scientifiques s’interrogent sur l’axe de rotation de la terre, qui fait que le soleil ne se couche jamais à l’extrémité nord… L’équipage, lui, est beaucoup sceptique sur cette démarche absurde. Il s’inquiète surtout d’une étrange observation : une créature de forme humaine, mais de taille gigantesque, se déplaçant en traineau à l’horizon. Le lendemain de cette vision, un homme épuisé se présente sur le flanc du navire pris par les glaces. Walton fait monter à bord ce dénommé Victor Frankenstein, scientifique, visiblement en proie à de lourds tourments. Après quelques jours de repos, Frankenstein lui révèle qu’il se sent coupable d’un désastre humain de grande ampleur, qu’il décide de narrer par le début. Genevois d’origine, Frankenstein fut éduqué dans un bonheur intégral en compagnie d’une sœur adoptée, Elizabeth. L’affection qu’il porta de tout temps à la jeune fille dépassa toujours le cadre de l’amour fraternel. A l’âge de 18 ans, Elizabeth atteint par une épidémie de scarlatine, fut veillée une semaine durant par leur mère. La jeune femme sauvée, leur mère devait pourtant succomber à la même maladie, très contagieuse. Profondément affecté par le deuil, Victor s’en fut poursuivre des études d’alchimie et de médecine à Ingolstadt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Marion Mousse s’attaque ici à un gros morceau : l’adaptation en 3 tomes de BD du célèbre Frankenstein de Marie Shelley, œuvre pionnière de la littérature fantastique et, plus tard, fondatrice du mouvement gothique. Pour la petite histoire, rappelons que le roman original a été écrit en 1817 par Marie Shelley, alors âgée de 20 ans, sous l’instigation de Lord Byron. Marion Mousse emprunte un style graphique ad hoc, c'est-à-dire sombre, à base d’encrages très prononcés. Stylisé, son dessin est relativement simple mais parfaitement maîtrisé, peut-être juste un chouya « chargé » en détails d’arrière-plans ce qui, ajouté à la noirceur constante, nuit parfois à une lisibilité optimale. Cependant, n’ayons pas la dent trop dure, cela reflète d’un joli boulot, très respectueux de l’œuvre originale, de l’ambiance à accorder au récit. Ce dernier reste fidèle au texte, prenant le temps d’installer le suspens… Car si tout le monde a plus ou moins en tête l’image du monstre plein de boulons (issu de la première interprétation cinématographique du personnage, par Boris Karloff en 1931), la plupart ignore que l’histoire débute par une exploration polaire. Or, après une longue et impatiente mise en bouche (l’expédition, le récit de la jeunesse de Frankenstein et les raisons qui l’amenèrent à créer le monstre), la séquence tant attendue, d’ordinaire spectaculaire, demeure bien sage. Fidélité à l’œuvre originale oblige…