L'histoire :
Victor Frankenstein, jeune scientifique tourmenté par l’idée de la mort, s’adonne à des expériences secrètes réprouvées par ses pairs. Dans son laboratoire secret d’Ingolstadt, il assemble les membres et organes de plusieurs macchabés, en une créature hominidée unique et horrible, puis il profite d’un orage pour lui donner vie. Contre toute attente, cela marche. Plus apeuré qu’autre chose, la créature se lève et s’échappe dans la campagne. Le monstre erre, cherche son équilibre, découvre la nature, contemple son reflet dans l’eau… Il tente de se constituer une conscience à l’aide des bribes de personnalités, de souvenirs diffus qui le composent. Surtout, il essaie de pourvoir à ses besoins vitaux : nourriture et apprentissage de la civilisation. Pour cela, il s’installe dans la grange d’une famille de paysans et épie la famille durant de longues semaines, à travers un interstice du mur. De son côté éprouvé par cette expérience hideuse et contre-nature, Frankenstein regagne Genève où il compte sur sa famille pour se ressourcer et oublier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Marion Mousse poursuit ici une juste et fidèle adaptation du roman de Marie Shelley, prévue en 3 tomes. Tout le monde (ou presque) connait le mythe, inutile de revenir sur son synopsis… Pourtant, côté narration, Mousse (qui comme son prénom ne l’indique pas est un garçon) n’insiste pas sur l’épisode du réveil, le plus populaire (ça ne servirait pas à grand-chose). Il fait plutôt la part belle au texte et aux séquences méconnues. Par exemple, vous vous souveniez, vous, que l’apprentissage du monstre, qui épie en solitaire la famille paysanne depuis sa cabane, dure plus d’1 an ?! Côté graphisme, son dessin accentue encore plus l’utilisation de l’obscurité (l’effrayant inconnu), par l’entremise d’encrages profonds et de traits épais. Une nouvelle fois, c’est habile, oppressant au possible et parfaitement dans le ton de l’œuvre de Marie Shelley, précurseur du mouvement gothique et de la science-fiction. En outre, cette transposition en BD décline également les multiples lectures et symboles du roman : les limites de la science, les regrets du démiurge réprouvant son œuvre, le tout écrit à une époque qui se cherchait entre science et religion. Une adaptation intelligente et sûre !