L'histoire :
Dans une immensité non nommée, une capsule flotte entre les espaces et les résidus de quelques organismes ressemblant à des nuages. Dans cette capsule, un dénommé Adam se questionne sur sa place et sur ce qu’il peut apercevoir au travers du hublot de la capsule. Jusqu’au moment où une voix se fait entendre, celle de son auxiliaire. Ce dernier est une présence invisible forçant Adam à suivre sa mission sans se préoccuper des prémices de pensées et de réflexions qui commencent à lui traverser l’esprit. Si toutefois Adam possède un esprit, au sens où nous l’entendons. En effet, le mystère de l’identité et de la place du protagoniste est le fil conducteur de l’histoire, qui nous dit que l’homme a disparu, peut-être au profit de quelque chose d’autre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Marc-Antoine Mathieu, la réflexion est toujours de mise. Et nous, lecteurs, sommes toujours décontenancés par le nouveau tour de force psychologique que l’auteur propose. Avec Deep It, le scénariste et dessinateur nous plonge dans les méandres métaphysique d’une dense et intense réflexion sur la place de l’Homme, mais surtout de sa vie et de sa mort. Chaque séquence d’interrogation se présente sous la forme d’un chapitre appelé « veille » au sein duquel Adam tente de réfléchir à l’importance de sa place dans la capsule, mais surtout du bien-fondé de sa mission d’observation. Sentant l’ennui et la solitude frapper à sa porte, le protagoniste tentera l’exercice de l'échange avec l'auxiliaire. Puis au fur et à mesure de mises à jour, le personnage découvre de nouveaux avatars à questionner. Méditation et interrogation intenses sur la place des intelligences artificielles et sur leurs applications, Deep It est un mystère d’une profondeur parfois complexe, mais qui mérite un investissement. Graphiquement, Marc-Antoine Mathieu prouve encore sa belle et parfaite maîtrise des formes mais surtout du cadrage. Complexe et retors, ce nouveau Mathieu est avant tout une réflexion, une idée, sur l’importance pour l’Homme de ne pas tenter de créer quelque chose qui pourrait lui échapper. Trop souvent déçu quant à sa stature de centre de l’univers, l’Homme joue avec le feu de sa propre existence. C’est ce qu’Adam symbolise : un perpétuel questionnement de notre place et du rôle que nous avons à jouer au milieu de ce qui n’est pas un lac de connaissances, mais un océan d’apprentissage constant et continu.