L'histoire :
A la fin du XIXème siècle, une chouette artiste-peintre déambule dans son appartement parisien. Il/elle se lamente sur sa laideur et contemple des tableaux de différentes couleurs représentant des danseuses des célèbres cabarets entourant le Moulin Rouge. Semi-dénudées, ces beautés posent dans leurs loges, vêtues de différents morceaux de costumes faits de plumes et de strass. Des images de danses, de scènes, de spectacles, couronnés de pluies de confettis, reviennent en boucle. A cette époque, le Sacré Cœur est en construction sur la bute Montmartre, et l’artiste peintre se confine seul chez lui. Il voue son destin à retranscrire la beauté pure, en faisant appel à sa mémoire, en s’évadant par la pensée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jusqu’alors, Paul Salomone était le dessinateur appliqué du western caustique de Wilfrid Lupano L’homme qui n’aimait pas les armes à feu. Nous le découvrons à travers ce « moment » graphique, Des plumes & elles, mu par un lyrisme pur, dénué de toute velléité de trame narrative. Il est clairement charmé par la poésie visuelle qui se dégage des danseuses de cabarets, à des années-lumière de tout récit de genre. Ne cherchez pas ici de « scénario » au sens strict du terme. Nous avons d’ailleurs eu toutes les peines du monde à savoir par quel bout de lorgnette résumer, ci-dessus, le bouquin. Il s’agit plus d’une plongée en immersion dans le milieu des danseuses de cabaret de la fin XIXème (construction du Sacré Cœur faisant foi), non pas à des fins d’érotisme, mais bien dans un objectif lyrique. Différents chapitres s’intéressent tour à tour, à travers des teintes colorimétriques très distinctes, à différentes danseuses, toutes gracieuses, reliées par le fil rouge d’une chouette anthropomorphique et artiste-peintre introverti(e), qui stigmatise sa laideur inversement comparative à la beauté des danseuses qui le subjuguent. Au gré des chapitres – en autant de danseuses – qui composent ce bouquin de 87 pages, il n’y a que des encadrés narratifs et des pensées intérieures, empruntant tantôt un poème de Baudelaire, tantôt une chanson d’Aristide Bruant. Un bel hommage aux danseuses de cabaret, à réserver aux initiés et aux fans de ce milieu.