L'histoire :
Deux amies boivent un café en terrasse. L’une demande à l’autre son carnet… Après l’avoir parcouru, elle est admirative devant les dessins et propose à sa copine de créer un blog. Or visiblement, la jolie dessinatrice n’est pas emballée. Pourtant l’autre insiste, arguant du fait qu’elle a sûrement plein de trucs persos rigolos à raconter en dessin… Pas racontables, selon son amie. Alors pourquoi ne pas raconter les histoires des copines ? « Comme la fois où tu t’es électrocutée en te masturbant ? – Je me séchais les poils ! » répond l’intéressée « Et de toute façon, t’arriverais pas à dessiner ça ». Quelques coups de crayon plus tard et devant un auditoire subjugué, elle lâche un « salope » qui prouve le contraire.
Installées dans un canapé, deux copines se racontent la soirée passée. L’une a rencontré un mec mignon, mais timide. Quand elle lui a proposé de venir chez elle, il s’est mis à bégayer… l’autre s’inquiète : « Il est pas venu ? – Si, dans son pantalon. » répond la concernée.
Deux amies marchent dans la rue. L’une demande si l’autre a déjà essayé la sodomie et si c’est bien. Venant de derrière, la réponse d’une tierce personne, plutôt mature, ne laisse pas de doute sur le fait que c’est surtout bien quand ça s’arrête.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Des yeux de Bitch se présente comme un méli-mélo d’expériences sexuelles, racontées entre copines le plus souvent, et où le sexe fort tient un rôle secondaire, même si essentiel aux gags. Autant dire à proscrire aux âmes chastes ou même romantiques. Sûrement dopée par le soutien de Cosmopolitan pour son blog et par des copines délurées, Bérénice n’y va pas avec le dos de la cuillère pour tartiner sa création d’histoires crues, voire vulgaires (le mot est lâché, mais il est juste), en totale opposition à son trait moderne et à son esthétique très Sex and the city. La jeune graphiste angevine use des ficelles de son métier pour présenter un gag par planche, sans case et avec un minimum de décors. L’accent est clairement porté sur les personnages, presque tous beaux et clinquants. Visuellement, ça marche. D’autant que la reliure et le papier donnent de la densité à l’ouvrage. Mais les textes – qui en plus se revendiquent d’avoir été inspirés par des fées réelles – touchent au ridicule, tant ils sont provocateurs, dans le sens juvénile du terme. Il n’est pas question d’avoir froid aux yeux, ni assez chaud ailleurs : ça verse dans les dialogues débridés dignes d’actrices pornos proches de la retraite, tellement elles en ont vu passer. Parfois téléphonés, parfois hyper trash, les gags sont basés sur une surenchère de clichés exploités pour leur réalités crues. Si le but est de choquer, ça fonctionne. Pour faire rire, ce sera plus délicat… A télescoper fanfaronnades entre copines et bande dessinée de son temps, cet album était probablement à sa place quand il n’était qu’un blog. Parce que dans une bibliothèque, il fera plus office de blennorragie que d’hymne à l’émancipation de la femme.