L'histoire :
Deux hommes sont dans une voiture en direction du désert. L’ambiance à bord n’est pas au beau fixe. Le passager, un homme bien plus âgé que le conducteur, n’est pas content. Pour lui, le véhicule ne roule pas assez vite, le moteur n’est pas assez puissant et toute cette quincaillerie moderne à l’intérieur de l’habitacle (lecteur CD, climatisation, téléphone...) n’est pas le reflet de la virilité des vrais hommes. De son côté, le conducteur prend son mal en patience et pointe les contradictions du passager. Mais rien n’y fait, ces deux-là ne sont pas faits pour s’entendre. Le voyage qui devrait durer deux heures, s’annonce d’ores et déjà long pour ces deux fortes personnalités. Enfin arrivés à destination devant une usine au cœur du désert, ils coupent une partie du grillage pour entrer dans les lieux et mener à bien leur mission. Mais là encore, l’ambiance entre eux est loin d’être cordiale. Obligés bien malgré eux de faire équipe, ces deux tueurs professionnels, le jeune loup et le vieux cheval, s'opposent sur tout, alors qu’ils doivent évoluer au milieu de cuves aux contenants peu ragoutants. Arrivés près d’un bungalow dans lequel se trouve leur cible, les deux hommes en viennent aux mains... Bref, ce contrat tourne mal : de querelles en dérapages, leurs différences vont-t-elles les pousser à commettre l'erreur fatale ou leur professionnalisme va-t-il rependre ses droits ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au milieu des années 1990, Mezzo et Michel Pirus poursuivent leur œuvre au noir avec Deux Tueurs, qui a reçu le Prix du prestigieux Calibre 38, et Mickey Mickey. Deux récits écrits entre leurs œuvres phares, Désarmés et Le Roi des mouches. On y retrouve des tueurs névrosés et des braqueurs malchanceux. Ainsi, dès la première nouvelle, le duo nous présente un tandem de tueurs professionnels que tout oppose, mais qui doivent collaborer pour mener à bien un contrat. Au fil des situations et des dialogues de ces deux récits, on sent que l’univers d’un Tarantino période Reservoir Dogs ou Pulp Ficiton n’est pas loin, tant l’ambiance qui s’en dégage est nerveuse, noire, violente mais non dénué d’humour (très noir, évidemment). Du côté des graphismes, les dessins anguleux de Mezzo, rehaussés d’un encrage épais, permettent de coller aux ambiances sombres et des récits noirs hard-boiled d’il y a quelques décennies. L’homme capte à merveille les exigences des scénarii et rend un vibrant hommage aux séries noires d’antan. Au final, cette réédition de Deux Tueurs suivi de Mickey Mickey permet de se reconnecter avec les récits noirs des années 1990 et de remarquer que Mezzo et Pirus avaient déjà de sacrées pattes ! Qui plus est, cette mise en couleur par Ruby, leur donne l’écrin qui leur faisait défaut. Mieux vaut tard que jamais !
