L'histoire :
Robert est veilleur de nuit dans une usine de robots. Un soir, l'usine est attaquée par des robots commandés par des guerriers. Le canard s'interpose et réussit à se débarrasser des deux brigands, qui ont réussi à détruire une partie de l'usine. Alors qu'il présente ses excuses à son oncle, Stanislas, grand patron tout-puissant, il apprend une nouvelle terrible : l'attaque était commandée par son oncle, pour toucher les assurances. Robert refuse violemment le pot-de-vin que lui propose son oncle. Celui-ci le fait arrêter pour sabotage, et emprisonner. Pire, Stanislas de Vaucanson fait interner le fils de Robert dans une pension d'Etat. En prison, Robert ne pense qu'à une chose : s'évader pour retrouver son fils. Il a été condamné, sans avocat ni véritable procès, à 30 ans de réclusion. Il décide de participer à des combats de détenus, pour gagner le droit d'écrire à son fils. Chaque jour, il se fait massacrer par des mastards. Chaque jour, il recommence et, peu à peu, il devient fort, très fort. Jusqu'au jour où il commence à gagner. C'est là qu'un immense robot de combat arrive près de la prison. Ils sont construits pour défendre la cité contre les attaques de démons tentaculaires. Celui-là se fait détruire par un démon. En s'écrasant, le robot casse le mur de la prison. Robert s'échappe. Il fait appel à la pègre pour survivre et retrouver son enfant. Il prend le nom de Rubeus Khan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors qu'ils ont repris les aventures autour du Donjon, pour le plus grand plaisir des aficionados, Sfar et Trondheim ont décidé de l'inscrire dans un temps très long. Après avoir entamé la série des origines de la Terra Amata (Donjon antipodes, - 10 000, L'Armée du Crâne) avec un album un peu obscur mais qui sera forcément éclairé par la suite, les deux compères projettent les Vaucanson dans le lointain futur. La dynastie des Vaucanson est centrale dans l'univers de Donjon puisque Herbert, le canard chassé de son trône, est le héros des séries Donjon Parade, Donjon Zénith et Donjon Crépuscule, sous le nom du Grand Khan. Le nom choisi par Robert résonne donc avec l'histoire de sa famille. Le scénario lui-même met en parallèle les parcours de Robert et de son aïeul Herbert, puisque Robert commence aussi son aventure comme un paria en position sociale de faiblesse. Il semble toutefois promis à un avenir plutôt solitaire, même si l'ourse Mimi est un acolyte drôle et attachant, et aussi violent que pouvait l'être Marvin. Ce scénario ouvre magistralement le champ des possibles. On a en effet des politiciens et des milliardaires véreux, des robots combattants, des démons qui ressemblent à des croisements de dragons et de Cthulhu, et un héros solitaire qui essaie de récupérer sa progéniture avec l'aide de malfrats au grand cœur. De son côté, Vince offre un dessin clair, facile à lire et extrêmement dynamique. Il semble s'amuser comme un petit fou. Son Robert de Vaucanson est un sosie légèrement body-buildé de Donald Duck ; le brigand chien du début est le Diabolo de son maître Satanas ; certains robots ressemblent à Goldorak ; les malfrats sont des crocodiles ; les policiers des cochons... Les couleurs de Walter donnent au tout beaucoup de vie et de vigueur. Cet album est très agréable à lire, sombre et léger à la fois grâce à l'art du dialogue de Joan et Lewis, ainsi qu'aux clins d'œil espiègles de Vince. Un bon premier de cordée.