L'histoire :
Marvin le Rouge et le Roi Poussière se retrouvent sur un petit planétoïde tranquille. Le soleil se couche, il est l'heure de dormir. Alors que le roi Poussière s'étend sur les cailloux, Marvin se délasse dans une herbe bien grasse, juste à coté. Mais celle-ci se révèle carnivore. En se sortant de ce mauvais pas, le roi Poussière perd son armure et la grosse chauve-souris qui leur permettait de passer de planétoïde en planétoïde. Les voilà coincés sur ce caillou inhospitalier dont les habitants, des ours sur échasses (rapport à l'herbe) ne tardent pas à se montrer. Ils passent vite en délivrant un conseil : marcher en sens inverse de la planète… Celle-ci tourne en effet très vite et la punition pour rester sur place est de se retrouver la tête en bas, d'échapper à la gravité de la planète et de tomber dans celle du soleil où l'on se consume dans la lave… Ils réussissent de peu à survivre à une première rotation de la planète, quand ils aperçoivent une villa montée sur roue et tirée par des ours. La règle du travail et peut-être de la survie : tirer pendant huit heures et les huit heures d’après, se reposer dans les jardins de la villa. Marvin le Rouge s’enrôle donc, mais pas le roi Poussière…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme toujours, ce tome de Donjon crépuscule est parfaitement décalé : il parle des relations complexes entre travailleurs et propriétaires. Il serait même très facile d’avoir une interprétation marxiste de ce tome : le Takmool et sa famille profitent de la force de travail des autres ours, qui tirent sa villa de rêves ; il jouit alors des fruits de ce travail sans leur conférer d’accès à l’intérieur de la villa. Les travailleurs, prolétariat ours, doivent donc se contenter de rester dans les jardins extérieurs. L’objet de ce tome est évidemment d’en faire une caricature sur un ton décalé : l’aliénation des ours est telle qu’ils ne se rendent même pas compte de leur état. Quand Marvin interroge : « et le Takmool ? Pourquoi il ne tire jamais ? », les ours lui répondent « C’est vraiment dégueulasse de demander ça ! Le Takmool est trop sympa ! ». La conclusion est désabusée : Marvin sèmera les graines de la révolte mais celle-ci n’éclatera pas vraiment. Et quand la villa sera détruite, le Takmool s’en ressortira. Nul doute que Johann Sfar et Lewis Trondheim auront puisé leur inspiration dans la situation économique actuelle. Cependant, la transposition au monde de Donjon laisse un étrange goût d’inachevé, même si la réflexion sur l’absurde qui caractérise la série est bien là. Graphiquement, Marie Pommepuy et Sébastien Cosset (alias Kerascoët) ont laissé le dessin à Obion, qui rend une copie propre, bien dans l’esprit Donjon.