L'histoire :
A la nuit tombée, le vieil Arakou, père d’Hyacinthe de Cavalère, quitte le domaine familial à tâtons. Un pressant besoin d’aventures pour égayer son quotidien : Ah ! Sentir la brise enivrante fouetter son visage en compagnie de ses anciens chevaliers… un doux rêve après lequel il court au galop. Il entraîne dans son sillage l’énigmatique Alexandra qui ne veut surtout pas qu’il lui arrive quoique ce soit… Hyacinthe ne lui pardonnerait pas. Au même moment, aux abords d’Antipolis, le professeur Cormor poursuit un tout autre dessein : réunir les fonds nécessaires pour assainir et reconstruire la ville. Une aide substantielle de la noblesse de 30000 pièces d’or suffirait amplement… Du coté d’Arakou, l’aventure débute par un gigot d’ours subtilisé à 2 orcs qu’il a occis d’un subtil coup d’épée… Et se poursuit par l’ingurgitation de quelques tonnelets de vins sur les bancs d’une auberge. On a, effectivement, besoin de force avant d’affronter ses anciens vassaux. Le premier d’entre eux est le preux Miguel Dupin. Le pauvre homme n’a plus toute sa tête et se complet à vivre un rêve éveillé où il est fou d’amour pour une jolie reine : un doux dingue, un vrai boulet… Patrick, un lourdaud sanguinaire, est le deuxième homme retrouvé par notre aventurier. Si content de retrouver ses anciens compagnons d’armes, il les accueille à bras ouverts en son château et leur offre pour gîte et couverts, du pain sec et le cachot. Le monde a changé. Les héros du passé survivent comme ils peuvent et Patrick ne peut laisser passer la moindre rançon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Oyez mes braves ! Tendez hardiment l’oreille, écarquillez grand les yeux car du Donjon il est question. De son passé l’on vous conte, en ce 5e numéro, le funeste destin d’un vieux seigneur… Poursuivant l’édification de leur monument magistral, né du fourmillement de leurs imaginations, Lewis Trondheim et Joann Sfar scénarisent un nouvel opus inventif et impeccablement drôle. Ces deux là ont vraiment tout compris à la BD moderne et adaptent pour le 9e art un comique de situation très actuel : décalé et inconvenant à souhait. Mais loin de se contenter d’une recherche humoristique à tout prix, ils livrent un récit d’une cohérence surprenante, en particulier au regard des autres séries enfantées par cet univers. Au-delà de l’extension du zygomatique, on se doit de faire fonctionner son cerveau et l’on est surpris par la tournure sombre que prend le récit. Un balancement subtil entre le grotesque hilarant de certaines situations et la noirceur du propos. Cet ouvrage marque certainement un tournant dans la série avec notamment l’évolution du personnage de Hyacinthe… Ce nouvel album amorce un autre virage (très en douceur) avec l’arrivée dans la bande de Christophe Gaultier, chargé de la savonneuse mission de reprendre les pinceaux de Christophe Blain qui avait réalisé le début de cette série. Mais un Donjon, ça ne se refuse pas ! Et le père de l’adaptation de Robinson Crusoé, relève parfaitement le défit. Son dessin est très proche de son illustre prédécesseur, aussi sombre que le contexte apocalyptico-moyenâgeux de la série, autant tourmenté. Peut être manque t-il d’un peu d’aération… Avec ce style très « nouvelle vague », c’est toujours la même chose : on adore ou on tourne les yeux… Un Potron-minet de bonne facture, que les amateurs apprécieront.