L'histoire :
C’est l’hiver. Sur la route de montagne enneigée qui mène à la station de Saint Moritz, en Suisse, une Coccinelle jaune se fait doubler par une Porsche noire. Au portail électronique d’un luxueux hôtel, le conducteur de la Porsche montre à la caméra un carton portant le numéro 5. Le conducteur de la Cocc' montre le n°6. Ils sont 12, à être ainsi conviés pour un séjour très particulier dans ce palace, réservé rien que pour eux par celui qui se fait appeler « l’Hydre ». L’Hydre est un redouté chef mafieux, portant un tatouage gigantesque de serpent sur le corps et un masque de kabuto sur le visage. Personne ne connait sa véritable identité… mais les autorités savent qu’il organise un grand dîner privé une fois par an. Un « ultime » diner pour 11 des convives, puisque 12 des meilleurs tueurs qui ont travaillé pour l’Hydre doivent s’entretuer pour que le survivant gagne la somme de 12 millions d’euros, dès minuit passé. Une astucieuse manière de « faire le ménage » et d’éviter les fuites… Pour l’heure, les invités se retrouvent tous dans un salon cossu du palace, tandis que les salariés quittent l’hôtel. Ils se regardent tous en chiens de faïence. Ils se connaissent tous plus ou moins. Certains ont un passif pesant avec d’autres… et ils savent très bien qu’à la fin, il ne devra en rester qu’un. Mais ça, ce sera après le dîner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une dose de Dix petits nègres (le roman d’Agatha Christie), une autre de Gomorra (la série italienne de Roberto Saviano), une troisième d’ambiance pour l’hôtel de Shining (le roman de Stephen King) : voilà grosso-modo les ingrédients qui composent ce thriller hard-boiled en one-shot et en huis-clos. Douze tueurs professionnels ont été convoqués au sein d’un palace isolé de montagne, en hiver, par un mystérieux chef mafieux, digne du Dr Gang dans Inspecteur Gadget, pour… s’entretuer. Evidemment, il y a 12 millions d’euros à la clé et ils sont chacun persuadés d’être meilleurs que les autres. Nonobstant, comme dans Highlander, il ne peut en rester qu’un… Et vous saurez lequel, à la fin de la grosse tuerie qui compose la seconde partie de l’album. Quoique ! Ce projet de BD a été porté et peaufiné depuis 20 ans par le scénariste Herik Hanna ; et le dessinateur Hervé Boivin a mis 7 ans à le concrétiser. La première partie consacrée aux présentations et à la mise en ambiance est un peu longuette et entretient un certain hermétisme sur les relations particulières entre les personnages… La seconde partie qui canarde à qui mieux-mieux est plus réjouissante pour qui apprécie l’hémoglobine et les tirs croisés venus de derrière, après 2 bandes de billard. Surtout que le sang, sur la neige, ça fait de bien jolies tâches. A plusieurs reprises, les auteurs découpent leurs planches en 3x4 = 12 carrés, pour faire la « photo-bilan » des réjouissances à un moment T. Dans un style réaliste en ligne claire, Hervé Boivin ne ménage pas sa peine, surtout pour les détails des différents salons et lieux luxueux du palace. Il excelle aussi à mettre en scène et à cadrer avec dynamisme les nombreuses séquences d’action. Ça va saigner !