L'histoire :
Le 13 novembre 2015, Kek reçoit son amie Amélie dans son petit appartement parisien. Ils hésitent : sortir dîner au Petit Cambodge ou rester à l’appart… Ils décident finalement de rester. Ils passent une soirée enjouée jusqu’à ce qu’un raffut inhabituel provienne de la rue. Kek pense d’abord à un camion des éboueurs qui s’attarde… puis il réalise que c’est un tout autre genre de bruit. Ils ouvrent la porte du balcon. Ça ressemble à des pétards en rafale, à un bruit de mitraillette. Dans la rue, des quidams s’enfuient en panique. Et si c’était vraiment des mitraillettes ? Kek aperçoit une ombre qui tire effectivement à la mitraillette. Il revient à l'intérieur affolé ! Il doit y avoir un règlement de compte entre dealeurs. Ils attendent une minute ou une éternité, immobiles, que les coups de feu s'arrêtent. Le calme revenu, ils réouvre la porte du balcon et partent observer à quatre pattes, pour se protéger des éventuelles balles perdues. Il y a tout d'abord un silence de plomb. En bas, tout est ravagé. Et puis progressivement, les cris des victimes montent vers eux, certains agonisant. C'est sans doute ce qui leur sera donné de plus terrible à entendre dans leur vie. Ils décident de descendre, pour « aider »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Du beau avec du moche, c’est l’histoire d’une résilience. Difficile mais nécessaire. Le 13 novembre 2015, jour des attentats des terroristes de Daech sur les terrasses parisiennes, Kek et une amie habitaient dans le quartier où ça s’est produit. Les mitraillages terminés, ils sont descendus porter secours aux blessés et… ils sont dès lors devenus des victimes indirectes de cette tragédie. Le choc post traumatique a été sévère. Car les cellules psychologiques sont des outils utiles, mais personne n’est égal en matière de cicatrices psychologiques. Kek raconte le parcours véritablement difficile de la « reconstruction » pour lui mais aussi (et surtout) pour son amie Amélie, à travers l’art. Et son biais narratif et graphique est la méthode la plus directe, simple et efficace possible, sans pathos. Son trait de dessin humoristique, stylisé et un peu épais, s’avère idoine pour garder malgré tout de la légèreté face à la puissance du moment clé. En fait, plus que bien des reportages ou des analyses politiques, ce petit bouquin s’avère idéal pour faire comprendre les conséquences de ce soir-là sur les nombreuses victimes indirectes.