L'histoire :
Marc de Saint-Mont (surnommé DSM), directeur de l’agence de contre-espionnage Egide, se rend à une réunion secrète avec ses patrons, 7 ministres européens des affaires étrangères, dans un building en construction du quartier de la Défense. Il leur apprend l’assassinat à Stockholm de son ami Anake, agent de la république du Como, et le putsch imminent des rebelles Zanghanes qui est en train de se dérouler dans ce pays africain. En théorie, Egide n’a pas matière à intervenir en dehors du continent européen… Mais dans le cas présent, un pays tiers inconnu apporterait un soutien armé intéressé au rebelle Amin Giabal, dictateur en puissance, et risquerait d’anéantir toute la politique d’ouverture du démocrate en place, Victor Lanohe. Un demi-feu vert est donc donné à DSM pour établir la vérité. Avec l’aide de sa nouvelle recrue Aléna, il se rend à Bruxelles pour « travailler » un premier suspect, Hugues Jenger, commissaire européen aux affaires africaines. Le charme et les talents de cambrioleuse d’Aléna s’avèrent pour cela un atout considérable. Pendant ce temps, Matéo qui brûle étrangement de passer à l’action, n’attend pas l’autorisation de DSM pour décoller avec Hanna pour le Como. Ce sulfureux agent de terrain aurait-il un intérêt privé dans l’affaire ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’agence d’action et de contre-espionnage Egide se frotte ici à une deuxième mission, en pleine guerre civile africaine. Certes, l’Afrique n’est théoriquement pas son terrain d’action (elle dépend de l’Union Européenne), mais le scénariste Fred Weytens trouve ici quelques prétextes plausibles pour nous emmener sous des latitudes exotiques. Et puis de fait, le contexte de la mission n’en est que plus controversé… En effet, en marge d’une intrigue rondement menée, d’un rythme palabres/actions équitable, cette série joue à fond sur l’ambivalence des personnages et des contextes. Ce n’est pas tant la nouvelle recrue Aléna qui est cette fois à l’épreuve : elle s’affranchit ici de chacune de ses missions avec une réussite indécente. Mais le récit focalise sur Mateo, baroudeur et tête brûlée, qui voit ressurgir son passé et l’affronte, au risque de mettre en péril la légitimité de la mission. Petit à petit, on s’attache ainsi à chacun des acteurs de la série, comme il en irait d’un bon feuilleton TV américain. Car c’est bien dans ce domaine de comparaison qu’il faut demeurer, en raison du degré de finition de la réalisation. Le dessin réaliste du canadien Gabriel Morissette (storyboardé par Yan le Pon et co-encré par Denis Rodier) manque en effet pas mal de caractère. Si le découpage et les cadrages montrent un certain savoir-faire en matière de rythme et de distances, les personnages ont l’air de cabotiner leur rôle (Matéo imite super bien Bruce Willis !), les proportions sont parfois singulières avec des « compressions » de cases (cf. la tête de Jenger en bas de p.10 !), et l’insert d’éléments photos pour les décors (Manhattan, p.32) ajoute encore à ce sentiment impersonnel. Une série B d’action, divertissante et efficace…