L'histoire :
16 août 1977, Elvis Presley vient de mourir. À l'annonce de cette terrible nouvelle, les fans se rassemblent devant Graceland, ainsi qu'au Baptist Memorial Hospital de Memphis, où a été admis le King. L'émotion est à son comble, personne n'arrive réellement à croire que l'inventeur du rock n' roll n'est plus. Lorsque le jeune Peter prend son service à la cafeteria du coin, il ne comprend pas l'émotion des fans suscitée par la mort de leur idole. Et pour tout dire, il s'en moque un peu. Quand sa collègue Jane apprend que Peter ne connaît pas grand-chose d'Elvis Presley, elle va se faire un devoir de lui raconter la carrière du King depuis ses débuts, jusqu'à ce jour fatidique d'août 1977. Au début, le jeune homme reste de marbre. Or peu à peu, au fil des rencontres qu'il est amené à faire par le biais de Jane, Peter va se prendre de passion pour la carrière hors norme et la personnalité du King. On est le 16 août 1977 et la légende vient maintenant de devenir un mythe...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de résumer la vie d'une icône telle qu'Elvis Presley en l'espace de quelques planches de BD. Or cela, le scénariste/écrivain/journaliste Patrick Mahé – à qui l'on doit déjà le livre 100 jours avec Elvis – l'a bien compris. C'est pourquoi il se propose de faire raconter l'histoire du King par ses fans, le jour même de sa mort, le 16 août 1977. Ainsi, loin de s'engouffrer dans la masse des biographies ronronnantes sur le « cas » Elvis Presley, l'équipe créative composée de Mahé à l'écriture et de Kent, l'ex chanteur de Starshooter, au dessin, a pris le parti de raconter la vie du King au travers des yeux de ceux qui l'ont idolâtré. Du coup, Elvis Ombre et Lumière prend tout de suite la forme d'un récit fort bien détaillé et documenté (les débuts du King au sein du studio Sun, ses premiers concerts, son entourage, etc.) mais avec une dimension émotionnelle prégnante. En effet, les différents narrateurs qui se succèdent dans cette bande-dessinée mettent tous en avant la bienveillance d'un Elvis Presley qui cherche à rester lui-même, malgré la célébrité. Et au-delà du destin exceptionnel d'Elvis, l'accent sera mis sur ses blessures internes, notamment avec la mort de son frère jumeau, Jesse Garon, qui le hantera toujours, ou bien via sa relation fusionnelle avec sa mère. Le lecteur peu au fait de la vie du King va donc apprendre à connaître cette icône en découvrant les nombreuses facettes de sa personnalité. Guidé par la peur d'être oublié, de tout perdre et de ne plus être aimé, Elvis Presley est en constante ambivalence avec son personnage et alter ego : Elvis est-il toujours Presley ou Presley est-il un autre Elvis ? Et même s'il est indéniable que les fans du King ne vont pas apprendre grand-chose en lisant cette bande-dessinée, force est de constater que Patrick Mahé et Kent restent fidèle à leur sujet. L'ensemble est parfaitement documenté et retranscrit dans son contexte historique (la ségrégation raciale, la guerre du Vietnam, la montée en force de jeunes artistes comme les Beatles). On se retrouve donc face à un Elvis parfois engoncé dans des évènements qui le dépassent et en proie au doute à cause de son addiction médicamenteuse... Du côté des dessins, les traits plutôt simples, sans trop de couleurs, de Kent servent bien l'histoire, malgré une approche parfois un peu brouillonne, notamment dans les ellipses. On sent que l'équipe créative rend un hommage sincère à Elvis Presley à chaque planche, sans jamais tomber dans le pataud, ni le pathos. En définitive, Elvis Ombre et Lumière s'avère une bande-dessinée aboutie et bien détaillée sur l'immense carrière du King. Cette œuvre démontre avec force qu'il y a eu un avant et un après Elvis Presley. Rock on, oh yeah !