L'histoire :
Chez Mario, son Pygmalion en sexualité, Emmanuelle a fait la connaissance d’Anna-Maria, sa cousine. Brune aux cheveux lisses et longs, elle attire tout de suite la jeune franco-thaïlandaise. Emmanuelle souhaite en savoir plus, mais Mario la renvoie à l’instant présent et l’incite à se masturber devant le jardinier, un enfant de 13 ans… Emmanuelle ferme les yeux et rêve à la jeune femme. Elle en parle à Ariane, plus âgée qu’elle, plus rude aussi, et plus consommatrice, alors qu’Emmanuelle est d’abord cérébrale. Personne ne la comprend. Pourtant, ô bonheur, voilà qu’Anne-Marie revient chez Mario, costume et lunettes futuristes, dans une Mitsubishi de course, planche à dessins sous le bras. Elle souhaite faire son portrait. Sans ambages, Emmanuelle se dénude et prend des poses lascives pour provoquer l’artiste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié en 1990, L’antivierge n’est donc adaptée en France qu’aujourd’hui. Et c’est bien dommage, tant le trait de Crepax, fin, tout en lignes interminables, donne une classe et un mystère incomparables à l’histoire d’Emmanuelle Arslan. Le découpage, s’il est très cinématographique avec de nombreux plans droits, de coupe, larges, gros plans… ne s’appuie que partiellement sur le roman et très peu sur la filmographie Rousset-Rouardesque. Comme d’habitude chez Crepax, c’est à la fois torturé et assez simple à suivre, pour peu qu’on soit entré dans la narration. Et, comment dire… on y entre très vite. Et ce, malgré des dialogues nombreux et très déclamatifs. Emmanuelle, c’est beaucoup de monologues intérieurs, de réflexions de la narratrice sur ses élans, sur sa sexualité, sur ses amours, les amours charnelles étant très nombreuses, ses amours tout court n’étant qu’un dans le premier tome (Jean), mais ils deviennent deux dans le second, Jean toujours et la fameuse Anna-Maria, objet de tous les fantasmes, seule à être dans la tête de la jeune femme lors de tous ses ébats... Avec une grande finesse, Crepax donne une certaine cohérence au récit qui n’est pas toujours bien construit, et pour lequel les passages du roman n’ont pas toujours été bien choisis. Mais qu’importe, c’est une œuvre à part entière qui nous est livrée là par le maître italien. Cohérente, agréable à lire, onirique.
