L'histoire :
Par une nuit pluvieuse en Martinique, un homme portant un chapeau et une fourche court, cherchant à éviter un drame. Malheureusement, à son arrivée, il est trop tard. Seul un petit garçon a survécu, une mystérieuse blessure ornant sa poitrine... Les années passent et le petit garçon a grandi, devenant l'assistant du fossoyeur l'ayant recueilli. Ensemble, ils creusent les tombes, s'occupent des enterrements et aménagent le cimetière. Arrive un jour, où le vieil homme décide de lui montrer une autre facette de son métier. C'est ainsi qu'il lui apprend l'existence des merveilles, les esprits des morts. L'initiation de l'orphelin est interrompue par des pilleurs de tombe qui essaient d'emporter des crânes afin de les revendre, ceux-ci étant de parfaits catalyseurs du contact avec l'au-delà. Se débarrassant des gêneurs, le fossoyeur emmène alors le jeune garçon pour lui montrer à quoi ressemblent les merveilles dont il lui a parlé peu avant. L'orphelin n'en revient pas…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne l'attendait plus ! Après douze ans d'absence totale (Le roi des méduses date de 1997), Thierry Ségur revient aux crayons et aux pinceaux avec Encyclomerveille d'un tueur. Le dessinateur des Légendes des contrées oubliées marque son retour avec une nouvelle série au concept assez originale, puisque l'action se situe dans les Antilles, en Martinique plus précisément. Outre un décorum fortement emprunt de chaleurs et de luminosités, il illustre également un univers fantaisiste, celui des merveilles (les esprits des morts). Avec un visuel époustouflant, un trait efficace et détaillé, passant du croquis à la fresque en un rien de temps, Thierry Ségur nous laisse pantois. Pareil niveau graphique nous rappelle sans hésiter les travaux d'Olivier Ledroit sur Requiem chevalier vampire, l'ambiance morbide et glauque en moins évidemment. Son travail sur la colorisation impressionne et les teintes choisies pour les ambiances fantastiques (bleutées) sont idéales. On remarquera que le dessinateur incorpore des caméos du 9e art dans quelques-unes de ses cases : Hellboy (de Mike Mignola), Leonidas (de 300 par Frank Miller) ou encore le Major Gruber (du Garage hermétique de Moebius). Le scénario est l'œuvre de Patrick Chamoiseau, bien connu du milieu littéraire pour avoir obtenu le prix Goncourt en 1992 avec son roman Texaco. Celui-ci fournit un récit parfaitement maîtrisé, l'univers est très riche et ce premier tome captive. Les touches d'humour, ainsi que les explications du fossoyeur, permettent une narration fluide et efficace, d'autant plus que le folklore antillais apporte une touche d'originalité supplémentaire. Parfaite mise en bouche, cette Encyclomerveille d'un tueur a de quoi nous... émerveiller !