L'histoire :
Un petit moment chiant, c'est quand tu ne trouves pas l'entame d'un rouleau de scotch. Quand tu as envie d'éternuer et puis qu'en fait non. Quand tu serres une main molle. Quand tu dois féliciter ton chat de te rapporter des cadavres. Quand tu dis au revoir à quelqu'un qui, en fait, part dans la même direction. Quand il restait un morceau de papier alu collé au chewing-gum que tu commences à mâcher. Quand tu tailles un crayon dont la mine est cassée sur toute la longueur. Quand, le matin, ton téléphone sonne pour te réveiller, mais que tu l'as branché sur une prise hyper loin pour le recharger durant la nuit. Quand tu es en chaussettes et que tu marches dans une flaque d'eau. Quand les marches sont trop longues pour les monter une à une, mais trop courte pour y faire deux pas. Quand tu te retrouves torse nu devant le médecin et que tu as une poupouche de laine dans le nombril. Quand les gens s'arrêtent à la fin d'un escalator...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le résumé ci-dessus permet de cibler ce que sont, pour l'auteur Kek, tous les « petits moments chiants » qu'il catalogue dans ce petit bouquin souple. C'est à dire des petites tracasseries sans conséquences du quotidien, qui suffisent à te pourrir une journée lorsqu'elles attaquent en délais rapprochés, voire en escadrille. En gros, c'est l'anti Madeleine de Proust ou l'anti première gorgée de bière. En revanche, pour être tatillon, ce recueil n'est certainement pas une « encyclopédie » dans le sens où il n'y a ni souci d'exhaustivité, ni définition stricte, ni index. Pour la forme : le dessin simple et spontané, quasi jeté, prend la forme de strips de 1 à 5 cases, enchaînés à la queue-leu-leu sans aucune séparation, de la manière semi-séquentiel, la plus rythmée et limpide possible. Pour le fond, Kek s'est juste borné à répertorier et à mettre en scène non-stop ces moments vécus par lui – et sans doute par d'autres ! Le concept et l'inspiration semblent donc faciles, mais ils fonctionneront assurément : chacun retrouvera, à moult reprises, des sensations de déjà vécu (« ah mais ouais, carrément, c'est exactement ça... »). Proposons un dernier petit moment chiant : quand tu es chroniqueur BD, que tu trouves un bouquin original, authentique et sympa, mais qu'il faut reconnaître qu'il est loin d'être indispensable.
