L'histoire :
Engagé comme dessinateur sur le tournage du film Gainsbourg (vie héroïque) de son ami Joann Sfar, Mathieu Sapin doit retranscrire jour après jour les différents faits majeurs ou anecdotiques. Outre sa rencontre avec les acteurs, comme Laetitia Casta ou Eric Elmosnino, il mentionne chaque détail : les différents essais de tenues, de maquillages ou encore les diverses prothèses. Chacune des étapes préparatoires nous est montrée, jusqu'au jour où commence le tournage. Joann qui jusqu'ici était très calme, s'énerve d'un coup lorsqu'il voit que les paquets de cigarettes dans le décor ne sont exactement comme il les voulait ! Mais cela n'est rien comparé à la scène où un chat doit traverser un couloir, mais ne le fait pas du premier coup. Ce n'est pourtant que le début d'un tournage haut en couleurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joann Sfar est un homme généreux. Alors qu'il a la chance de réaliser son premier film, il ne peut s'empêcher de demander à l'un de ses amis, Mathieu Sapin, de lui prêter main forte sur le tournage de son biopic, sauce conte fantastique, sur Serge Gainsbourg. Il lui confia la mission de faire un journal du tournage et sous l'angle qu'il souhaitait : peu importe qu'il s'agisse d'une anecdote ou d'un fait majeur. Mathieu Sapin débarque donc sur le lieu de préparation du film. Accompagné dans un premier temps par Sfar, l'auteur se débrouille ensuite progressivement et nous apporte son regard sur mille détails méconnus du processus de cinéma. Lorsque Sfar dit de ce Feuille de chou qu'on y voit tout le monde, c'est le cas : de la maquilleuse au chef op', du dresseur de chat (pas celui du rabbin) au figurant, Sapin brosse le rôle de chaque intervenant. L'exercice pourrait s'assimiler à une sorte de making-of, version bande dessinée, à une différence majeure puisque c'est le regard du créateur de Supermurgeman qui fait l'originalité. Son récit n'est pas vraiment construit, il suit en tout point et dans l'ordre chronologique chaque journée passée. Parfois technique, mais toujours explicatif (Sapin n'y connait rien), ce journal saura également être apprécié par ses dessins qui, bien que presque jetés, partent un peu moins dans tous les sens que ceux auxquels nous a habitué l'auteur (sur MKM, par exemple). Pour l'anecdote, notons l'apparition d'autres auteurs de BD comme Lewis Trondheim ou Agnès Maupré. Contrairement à un making-of hollywoodien (genre grosse production), scripté et banal, Sapin réussit l'exploit de nous montrer comment fonctionne véritablement un film, de sa naissance à son tournage, les petits riens qui font de grandes choses. Un ouvrage passionnant et conséquent, puisqu'il fait 358 pages, qui pourrait être suivi d'un journal « après » tournage…