L'histoire :
Fido est un chien con. Il se promène à longueur de page sur un trottoir, lequel trottoir est pourvu d’un réverbère. Or, Fido ne le fait pas exprès, mais systématiquement, il se cogne au réverbère. A chaque début, Fido se promène et le destin (ô cruel) se répète, alors que la conjoncture varie légèrement. Car parfois, par exemple, Fido croise une petite canichette (qui lui provoque bien des émois), il se retourne… puisqu’il se cogne au réverbère. Parfois, il croise un gros molosse (qui lui cause bien des angoisses), il pique un sprint… puisqu’il se cogne au réverbère. Parfois, c’est la canichette et/ou le molosse qui se cogne(nt) au réverbère. Parfois c’est les deux. Parfois c’est les trois. Parfois l’ordre varie. Parfois, tenez vous bien, même qu’il y a un chat qui grimpe au réverbère ! (nooon… ? bin si). Enfin, il arrive par moment qu’en se cognant au réverbère, Fido fasse tomber le chat qui se cogne à Fido. Etc. Voilà.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D’ordinaire, les chiens pissent sur les réverbères. Fido, lui, se les prend dans la gueule. Une fois, 10 fois, 100 fois. A l’horizontale, à la verticale, en marchant, en courant, à l’arrêt, en carambolage avec d’autres (4 protagonistes à poils raz, en tout). Bref, de toutes les manières possibles. Et c’est incroyable ce qu’il peut y en avoir, des manières de se cogner à un réverbère. Faudrait presque écrire un Kamasoutra du réverbère. Parce que c’est exactement là toute la problématique que Sébastien Lumineau, de l’association Les taupes de l’espace, a tripatouillé dans tous les sens : faire se cogner Fido à un réverbère. Oui, je sais, j’l’ai d’jà dit. Mais bon, au sortir de ce petit bouquin carré, vous n’êtes tout de même pas à une répétition près, non ? Car s’il est évident que Lumineau cherche à éprouver nos limites en la matière, il nous abrutit surtout de la même ritournelle assommante (!) et absurde. Certes, c’est avant tout un concept. Ce dernier a juste une légère tendance à se fondre dans le foutage de gueule le plus complet. Après tout, le comique de répétition ici usité jusqu’à l’indigestion est approximativement le même que celui de la tarte à la crème (qui, parait-il, fait mouche à tous les coups). Côté dessin, plus minimaliste tu meurs (en te cognant à un réverbère). Côté scénario, heu, en fait aussi. Il fallait s’appeler Lewis Trondheim pour oser éditer un truc pareil. Le directeur de la collection Shampooing avait d’ailleurs inauguré son label avec deux ouvrages dans le même style, c’est à dire très répétitifs et minimalistes (Mister i et Mister o) mais autrement plus aboutis dans le concept !