L'histoire :
Attendu par ses frères dans les rues de la capitale alors que le peuple se soulève, Jean-Gaston Baudecourt ne les rejoindra pas. Occupé à chercher le tablier de la loge dont il est le vénérable, il ne se méfie pas du jeune Alphonse qui entre dans la maison. C'est pourtant un évènement qui remonte à une vingtaine d'années qui va coûter sa vie au patron du journal Fraternités. À l'extérieur, les frères des loges maçonniques qui ont rejoint le peuple espèrent beaucoup d'une rencontre entre l'un des leurs et Thiers, tandis que les canons des Versaillais cessent provisoirement de tirer sur le peuple. C'est Émile qui va devoir prendre la direction du journal en cette période cruciale pour faire progresser les idéaux que les frères défendent. Mais le jeune homme à besoin de savoir qui a pu abuser de la confiance de son père pour venir l'assassiner chez lui. Le jour de l'enterrement, une affiche placardée sur les murs de Paris portant une déclaration de Thiers va donner le signal d'un déferlement de violence qui va tout emporter.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce troisième et dernier épisode, Jean-Christophe Camus a décidé de conclure sa plongée au cœur de la franc-maçonnerie par la semaine sanglante qui a vu l'écrasement de la commune de Paris. L'album est une longue bataille de rue, émaillée des violentes exécutions perpétrées par les Versaillais. Le rythme imposé par le scénariste est remarquablement suivi par le dessinateur espagnol Bernardo Munoz et le coloriste Dimitri Fogolin. D'entrée de jeu, un meurtre vient injecter dans cette tranche d'histoire une intrigue dont on va chercher à comprendre les ressorts à mesure que les personnages apparaissent. Une manière habile de donner plus que les informations par ailleurs très intéressantes sur le fonctionnement interne des loges, et leur rôle au cours du mouvement révolutionnaire. Le récit reste de facture très classique, il évite d'approfondir les enjeux politiques et n'évoque par exemple que le nom d'Adolphe Thiers, un personnage qui n'apparaît à aucun moment, le lecteur étant projeté d'un seul côté des barricades. Un choix narratif délibéré qui culmine dans les très puissantes et marquantes dernières pages de l'album, une montée de violence inexorable dont l'issue appartient à l'histoire.