L'histoire :
La bouille collée à la vitre de la voiture, le petit Léopold est aux anges. Enfin, ils arrivent à destination, sur le littoral estival auquel il a rêvé durant toute l’année. A peine la voiture garé, il abandonne ses parents et dévale déjà les escaliers pour s’époumoner : « Garance ! » Sa petite copine de l’été est en train de faire voler un cerf-volant, sur la plage. Les deux enfants se jettent dans les bras l’un de l’autre. L’été peut commencer, occupé par moult jeux et joies sur le bord de mer. On s’enterre, on écrit des trucs sur le sable mouillé, on pêche le couteau, on fait fuir les mouettes, on fait le zouave avec des algues… Parfois on se fait aussi un peu la tête, mais c’est pour mieux se réconcilier aussitôt. C’est dans un de ces moments que Garance avoue à Léopold qu’elle sait marcher sur l’eau. Intrigué, Léopold veut savoir… Elle lui raconte que c’est un don transmis par son père, parce que son papa, en fait, c’est un géant. C’est même le géant qui produit les vagues en battant des pieds, depuis l’île au milieu de la mer où il habite. Léopold rétorque timidement qu’il sait que son papa est mort… Mais Garance lui propose de l’emmener le lendemain, pour lui prouver le contraire. Ainsi soit-il. Le lendemain, alors qu’une tempête se lève, Garance et Léopold prennent la mer, à bord d’une petite barque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tous trois membres émérites de l’atelier rémois 510 TTC, les auteurs de Washita, entre deux tomes de leur saga indienne fantastique, s’offrent une parenthèse enfantine, le temps de ce conte guilleret et ensoleillé de 32 planches, dans la lignée de leur précédent et multi-primé Mon arbre. La « disparition d’un être cher » occupe cette fois la thématique centrale d’un récit doux-amer, même si les auteurs savent ne pas trop s’appesantir sur ce sujet, afin de ne pas sombrer dans le pathos. Ici, le papa décédé de la petite Garance (un bien joli prénom…) est devenu un géant maritime super sympatoche – pensez, c’est lui qui fait les vagues pour les vacanciers, en battant des pieds – looké un peu comme le Orull souffleur de nuage de Tiburce Oger. Entièrement focalisé sur les deux petits héros, l’histoire de Séverine Gauthier propulse ces derniers dans un monde parallèle, pour une expérience onirique baignée de soleil et de sourires, quand bien même le fond de l’aventure se révèle foncièrement tragique. Ce tour de force, à saluer, découle pour beaucoup des ellipses savantes, des séquences contemplatives faisant une large place au dessin tendre de Thomas Labourot et aux tonalités pastel choisies par Christian Lerolle. Le choix de la période estivale, toujours envoûtante, ainsi que l’âge des premières amours, offriront également aux parents un agréable moment de mélancolie…