L'histoire :
Un bûcheron, père d'une famille nombreuse, découvre dans la forêt un bébé abandonné, une toute petite fille ravissante à tous points de vue, mais dont la taille dépasse l'entendement. Bien plus grande que lui, bien plus grande que le cheval qui va malgré tout réussir à la tracter jusqu'à la demeure familiale. Elle y sera accueillie avec une joie immense, au milieu de six frères ravis. Elle va ainsi grandir entourée d'une famille aimante qui l'accepte, telle qu'elle est. Même si, pour s'allonger le soir, elle occupe bientôt un étage entier de la maison. Au fil des années, les garçons vont partir l'un après l'autre pour vivre leur vie. Puis viendra le tour de Céleste. Malgré sa taille de géante, elle fait le pari de la découverte du monde. Une rencontre imprévue avec un jeune homme tout à fait charmant, colporteur de métier, l'amènera pour la première fois jusqu'à la vallée, à la découvert d'un village voisin. Ce sera la première étape d'une infinie série de découvertes, de déceptions, de surprises et de peurs. Une bataille avec le comté voisin, un procès en inquisition, un chevalier qui la veut pour épouse. Des rencontres qui, chaque fois, lui apprennent quelque chose sur le regard des autres, sur les sentiments qu'elle inspire. Tandis qu'elle fait, malgré sa taille de géante, la découverte de sa vie de femme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet épais récit construit comme un conte classique raconte comment une jeune fille née avec une taille de géante va découvrir le monde et se confronter aux autres. Cette suite de rencontres et de moments est mise en scène de manière très linéaire et purement chronologique. Le scénario de Jean-Christophe Deveney met d'ailleurs moins en avant la différence de taille de Céleste que sa nature de femme dans un monde traditionnel. Aucune surprise apparente lorsqu'elle entre dans une taverne pour boire des tonneaux de vin, comme d'autres boivent des verres. En revanche, quelles réactions scandalisées lorsqu'elle évoque les droits des enfants et des femmes, devant un sultan estomaqué. La dessinatrice Nuria Tamarit ne s'encombre pas de réalisme lorsqu'elle joue avec la taille de son personnage pour la faire entrer (ou pas) dans une maison. Tout cela fluctue allègrement selon les besoins du moment, ce qui accentue le côté symbolique de l'histoire. Son dessin est lui aussi assez épuré, avec des visages peu expressifs, mais également de jolis moments contemplatifs. L'amateur de découpages savants et d'ellipses surprenantes n'y trouvera pas son compte, le propos ici est de raconter au format de la bande-dessinée une histoire traditionnelle. Soit la découverte d'elle-même, par une jeune femme comme les autres, dans un monde plein de surprises et d'injustices.