L'histoire :
Après un long et éprouvant voyage, la jeune Aurore arrive avec ses parents à la villa de Nohant. Elle est fiévreuse et victime d'une éruption de boutons. Sa grand-mère accueille la petite famille et présente à Aurore son demi-frère Hippolyte. Malheureusement, son petit frère Auguste ne survivra pas au voyage et trouvera la mort quelque temps après leur arrivée à Nohant. Les parents d'Aurore sont abattus par la perte de cet enfant. Ils ne réalisent pas vraiment qu'ils viennent de perdre un fils. Le lendemain, la maman d'Aurore apprend le décès de son mari, ayant fait une mauvaise chute de cheval. La famille est décimée, meurtrie. La grand-mère d'Aurore profitera de ce moment difficile pour proposer que l'enfant reste à Nohant, où elle pourra suivre une éducation respectable, sans être un poids financier pour sa maman. Consciente des difficultés qui l'attendent, la mère d'Aurore accepte de laisser sa fille à sa grand-mère, mais Aurore n'est pas d'accord. Elle veut vivre aux côtés de sa maman, peu importent les conditions de vie. Elle n'aura pourtant pas le dernier mot. Ainsi, elle va grandir et évoluer dans cet environnement bourgeois, où elle apprendra la lecture et l'écriture, qui façonneront la femme artiste qu'elle deviendra. Elle se construira en tant que femme, amante, écrivaine, mère, grand-mère. Elle sera unique et plurielle, suscitera le désir, l'admiration, mais aussi de vives critiques. Elle ne perdra pourtant jamais de vue ses objectifs, et s'évertuera à aller au bout de ses projets.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aurore Dupin, dont il est ici question, est plus communément connue sous son pseudonyme de George Sand. Séverine Vidal au scénario et Kim Consigny à l'illustration, s'attardent sur cette « fille du siècle », figure emblématique de la littérature, mais pas uniquement. Les autrices nous proposent à travers ce roman graphique conséquent, une biographie de cette femme. En s'inspirant des textes écrits par George Sand elle-même, de ses lettres et de ses romans, mais également en se déplaçant directement sur les lieux qui ont marqué sa vie, Nohant notamment, les autrices réussissent à nous proposer un portrait fidèle de sa vie, tant via le texte que l'image. Nous découvrons ainsi des passages choisis de la vie de George Sand, qui trouvent une résonance entre eux. Nous apprenons à connaître la vie amoureuse et les amants (souvent célèbres) de George Sand, comment ils ont influencé son écriture et son mode de vie. Nous comprenons aisément ses ambitions, féministes, sociales, politiques et artistiques, alors même qu'elles étaient complètement en décalage avec l'époque dans laquelle elles s'inscrivaient. Et les gens n'étaient pas prêts à tant de bouleversements. Le combat n'en sera que plus dur. Nous suivons alternativement sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Les deux s'entremêlant étroitement. L'écriture restera l'un des fils conducteurs du récit : Aurore va apprendre à lire et à écrire, puis elle rédigera des lettres très tôt (une habitude qu'elle conservera pour échanger avec ses amis et amants) ; puis elle se lancera dans l'écriture de romans, d'articles de journaux. Cette femme complexe, engagée, libre, prolifique, suscitera de vives critiques. La pagination de l'ouvrage est conséquente, pourtant il n'y a aucune lenteur dans le scénario. Les illustrations aux traits fins en noir et blanc reproduisent bien l'époque du XIXème siècle et accompagnent agréablement le récit en apportant de la délicatesse.
