L'histoire :
C'est en Terminale, à l'âge de 16 ans, que Lou remarque pour la première fois une sensation étrange en elle, comme une chose noire qui suce son bonheur. Ce n'est que l'année suivante, alors qu'elle est étudiante en arts et qu'elle intègre une école de jeu vidéo que Lou passe d'une humeur très joyeuse à une autre bien plus néfaste. Elle consulte son médecin traitant, une dépression lui est diagnostiquée. Après quelques cachets qui n'ont pour effet que de la rendre malade, Lou se rend chez un psychiatre, puis chez une psychothérapeute. Pendant un an, elle se sent mieux, avant de replonger de façon plus forte que par le passé. Rebelote, Lou va chez des spécialistes, mais son état empire. Par le biais du hasard, elle finit par tomber sur une psychologue spécialiste des thérapies cognitives et comportementales. Celle-ci lui diagnostique des troubles de l'humeur, autrement dit une cyclothymie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La bande dessinée n'est pas qu'un formidable vivier de talents explorant des imaginaires fantaisistes ou historiques. Elle permet aussi à des artistes de sonder des expériences de vie qui les ont touchés, eux ou leurs proches. Nous avons ainsi pu découvrir les pertes de mémoire d'Elodie Durand dans La parenthèse ou le combat contre le cancer d'Alice Baguet dans L'année du crabe. Goupil ou face raconte l'histoire de Lou et ses déboires avec une maladie terrible qui la ronge : la cyclothymie. Cette affection, un trouble de l'humeur, fait partie des nombreuses sous-catégories des affections bipolaires. De manière assez radicale, le malade peut parfaitement être heureux, puis triste, et ce, sans explication. L'auteure nous livre son témoignage de manière personnelle et délicate. Elle revient sur ses premiers maux, nous explique les difficultés à faire reconnaître la cyclothymie par des professionnels de santé. Malgré la gravité d'une telle maladie, le ton employé par Lou Lubie est léger, souvent amusant. Elle n'hésite pas à apporter de nombreux détails ou explications sur ce trouble. Les dessins sont dans une veine assez simple mais ne manquent jamais de petites touches d'originalité. En imaginant sa maladie sous la forme d'un animal, en l’occurrence un renard, Lou Lubie s'offre des petits délires visuels plaisants. Sorte de croisement entre les travaux de Marion Montaigne et les autres bandes dessinées énoncées plus haut, Goupil ou face explique et raconte une vie, celle d'une auteure qui parvient à nous embarquer dans un ouvrage soigné et tout sauf anxiogène. Paru une première fois chez Vraoum en 2016, le revoici aujourd'hui réédité chez Delcourt.
