L'histoire :
En 1989, Gus vient de perdre sa mère. A 32 ans, il se retrouve seul à devoir gérer sa ferme en Lozère. Son voisin Abel l’appelle un jour à l’aide, lorsque sa vache a les plus grandes difficultés à mettre bas. Malgré de vieilles tensions qui sous-tendent les deux familles, Gus aide Abel. Dix-huit passent et les deux hommes continuent de vivre chichement, chacun de leur côté, dans leurs fermes respectives. Dehors, il a neigé. A la télé, on annonce la mort de l’abbé Pierre. Gus attrape son fusil et s’en va à la chasse aux grives. Mais avant qu’il ait décoché un seul coup de fusil, il entend des coups de feu et des cris, en provenance de la ferme d’Abel. Gus redescend à travers les congères jusque chez Abel. Dans la cour, une flaque de sang se détache dans la neige, et les traces d’un corps qu’on aurait tiré vers l’intérieur. Gus ne veut rien savoir de plus, il s’enfuit et s’en retourne chez lui. Ce soir-là, il ferme sa porte à double tour et fait des cauchemars. Le lendemain, il se rassure comme il peut. C’était sûrement une bestiole que le chien d’Abel a saigné et Abel l’aura abattue. Il décide d’aller rendre visite à son voisin, en prenant pour prétexte le besoin d’une tronçonneuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La misère rurale recèle de bonnes bases pour des thrillers sanglants… Dans ce thriller en one-shot, Franck Bouysse met au point un scénario sordide entre deux fermiers voisins des Cévennes, au début des années 2000. La météo est à la neige, ce qui ajoute la juste tension d’enfermement et d’abandon, si chère au Shining de Stephen King (ou sa version ciné de Kubrick). Mais ici, sans trop en révéler sur les mécaniques retorses, le ressort narratif se trouve plutôt dans les vieux secrets de famille et le caractère rustre des personnages qui s’affrontent, psychologiquement. Ça ne réinvente rien, mais c’est plutôt efficace. Car la narration semble avoir été composée entièrement pour les talents graphiques de Borris, qui excelle dans ce registre. Les ballades silencieuses et inquiétantes de Gus dans les paysages déserts et enneigés de la Lozère, font tout le suspens. Car un cri, une trace de sang, une trace, font alors soudain monter les frissons. Borris sait découper idéalement l’ensemble pour maximiser le suspens, et son chara-design semi-réaliste expressif, réalisé dans un mélange de crayonné contrasté, de lavis et d’effets infographiques finaux, font le reste. Ça a l’air chouette, les Cévennes…