L'histoire :
L’ignoble Sir d’Arcy vient d’apprendre par son notaire que Gwendoline, une roturière, peut hériter d’un demi-million si elle se marie avant ses 21 ans. La jeune femme n’est même pas informée de ce legs. C’est donc une belle opportunité pour le notable de se refaire une santé financière. Il demande à son chauffeur de l’emmener jusqu’à la modeste maison du père de Gwendoline. Le vieil homme refuse la proposition d’union entre sa fille et Sir d’Arcy, même si ce dernier s’engage à lever les hypothèques qui pèsent sur la famille. Désespérée par la situation, il ne reste à Gwendoline qu’une solution pour les sortir de la panade : gagner une course hippique avec Eclair. D’arcy, en embuscade, décide de faire capoter ce plan et kidnappe la jolie Gwendoline. Aidé par son chauffeur et la comtesse M, ils la ligotent et la bâillonnent.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Delcourt rééditent dans leur collection Erotix les travaux de John Willie, de son vrai nom John Alexander Scott Coutts, un dessinateur britannique né en 1902 et décédé d’une tumeur cérébrale en 1962 (le même jour que Marilyn Monroe). Ce dernier s’est fait connaître pour ses photographies de bondage, de SM qu’il a publié dans sa revue Bizarre. C’est notamment dans ce magazine que sa série BD Sweet Gwendoline verra le jour en 1946 (une adaptation cinématographique sera réalisée en 1984). Pour les personnes chastes qui ne savent pas ce qu’est le bondage, il s’agit d’une pratique sexuelle où l’un des partenaires est attaché. Outre les cordes permettant de ligoter son partenaire, le bondage fait appel à toutes sortes de moyens de contrainte, parmi lesquels les corsets, les chaussures montantes à lacets et d’autres ustensiles dont nous ne ferons pas la promotion dans cette chronique. Cette intégrale BD reprend 6 travaux majeurs de John Willie dont plusieurs sont inachevés. La plupart des histoires relèvent de la comédie burlesque avec un méchant cupide assisté d’une maîtresse tout aussi tordue qui s’en prennent à une jeune fille ingénue, victime idéale pour des sévices SM. John Willie fait intervenir une mystérieuse sauveuse du nom d’U69, qui vient libérer Gwendoline de ses geôliers. Les scénarios sont pauvres et assez mal ficelés (à la différence de l’héroïne). C’est daté dans la forme narrative ou dans les références (ceux qui ne connaissent pas Houdini vont devoir demander quelques explications à leurs grands-parents). Si le bondage et le fétichisme sont à l’honneur dans ces histoires, il n’y a pas d’acte sexuel qui soit représenté, le lecteur verra tout au plus des poitrines dévêtues ou des fesses qui gardent les stigmates de fessées. Graphiquement, c’est assez varié, mais globalement de très bonne tenue. Le lecteur s’attardera certainement davantage sur les histoires illustrées de manière très réaliste avec une belle maîtrise des jeux d’ombre et de lumière : les femmes à la taille de guêpe sont perchées sur des talons vertigineux qui donnent de belles courbes à leurs silhouettes. Quelques illustrations en fin d'intégrale sont en couleur et permettent d’appréhender le talent de l’artiste.