L'histoire :
Journaliste de profession, François Merlot se lance dans l’écriture d’un bouquin traitant des chansons les plus célèbres du XXe siècle. Ce faisant, il est amené à rencontrer H.G. Slatters, l’auteur millionnaire du célèbre standard « Happy Living ». Depuis 50 ans, cette chanson est interprétée quelque part sur la planète à chaque minute, ce qui rapporte à Slatters de juteuses royalties… Pourtant, l’homme lui fait une révélation aussi grave qu’inattendue : il n’a pas écrit une seule note de Happy living. Il a en effet mémorisé l’air principal du morceau, après qu’il ait été joué sur un piano, un soir bien arrosé, par un batteur de jazz talentueux surnommé Treviso… qui l’a oublié sitôt après. Au crépuscule de sa vie, Slatters refuse d’emporter cette imposture dans la tombe. Il demande à Merlot de retrouver Treviso, en échange de quoi il lui livrera l’exclusivité de cette incroyable histoire. Merlot se transforme donc en véritable détective et voyage de new-York à Los Angeles, sur les traces du surnommé Treviso. Il sympathise alors avec Kate, une serveuse de restaurant, s’inquiète de la ressemblance entre le propriétaire de son motel et le Norman Bates de Psychose et prend rendez-vous avec un vieux jazzman presque aveugle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la remarquée Malle Sanderson (grand prix de la ville de Genève, nommé pour le meilleur dessin à Angoulême), Jean-Claude Götting réitère sa verve graphique si particulière dans ce nouveau one-shot qui lui permet de retranscrire sa passion pour le jazz. Notons tout d’abord que le grand-public connait forcément le travail de Jean-Claude Götting : c’est lui qui signe les couvertures (en couleurs) des versions françaises de Harry Potter ! Les œuvres de BD de Götting se caractérisent en revanche par un noir et blanc symptomatique, à la fois très épais, très pâteux, et pourtant si subtil dans ses niveaux de gris et son relief. Götting garde ses recettes graphiques secrètes, mais avoue que ce style singulier permet un exquis rendu des ambiances. Aux amateurs de dessins plus classiques, nous conseillons vivement de tenter tout de même le coup sur ces quelques 130 pages, réalisées en 8 mois. Si l’on apprivoise aussi bien cet esthétique particulière, c’est aussi cette fois parce qu’elle s’avère idoine à nous baigner dans l’atmosphère délicieusement surannée des années jazz américaine. Les investigations de ce héros ordinaire prennent alors la forme d’un road-movie crédible et prenant. A l’instar de la chanson Happy living, totalement imaginaire, Götting mêle astucieusement la fiction à la réalité, ce qui a pour effet d’accroitre la véracité du périple. Métaphorique, ce polar simple symbolise aussi la quête d’un son et d’une époque pas tout à fait révolus, mais assurément joyeux (« Happy living » peut se traduire par « douceur de vivre »)…