L'histoire :
Barricadée et emprisonnée depuis plusieurs jours dans la chambre du fantôme de Paris, alias Arthur Blake, alias le capitaine Morgane, Églantine dévore le journal intime de Blake son bien-aimé. La situation de ce dernier semble désespérée à la suite de la mort de l’ultime esclave survivant du naufrage à l’origine de la malédiction qui le poursuit. La seule solution pour délivrer Blake de son terrible tourment est maintenant de ramener le talisman en forme d’araignée au roi Zoulou. Il est justement en possession d’Eglantine qui découvre, grâce à une indication laissée dans le journal intime, comment sortir du coffre au nez et à la barbe de ses geôliers qui s’efforcent encore d’ouvrir la porte du coffre au chalumeau. Elle réussit à sortir des catacombes dans un entrepôt où un véhicule, de l’argent et des armes l’attendaient. Direction la gare centrale des dirigeables. Au passage, elle récupère l’agent Georges sur les quais de la Seine, qui a profité de la surprise générale laissée par la disparition d’Eglantine pour s’enfuir de son côté. De l’autre côté de l’Atlantique, Gavroche et Zelda flânent dans les rue de New York. Ils sont interpelés par Adèle, la fille de Hugo qui travaille maintenant pour l’empereur. Elle convie Gavroche à un drôle de rendez-vous au consulat de France, où il retrouve le consul Ardan, le grand combattant de l’esclavage Victor Schoelcher, le prêtre Sioux Sitting Bull, et Abraham Lincoln. Cette alliance contre-nature est néanmoins des plus intéressantes. Gavroche est chargé de retrouver le talisman qui est capable de contrôler le démon gardien de la montagne d’or du Transvaal. Chacun y trouvant son compte, la fortune récupérée servirait à abolir enfin l’esclavage.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième volet du cycle débuté avec Mélancolia nous emmène encore au trois coins du monde grâce à la poursuite du chassé croisé entre le présent de nos héros et le passé de Blake, ainsi que les aventures de Gavroche et Blake qui se parallélisent à celles d’Eglantine et Georges... Le tout converge lentement mais surement vers le pays des Zoulous. Cela permet de faire la part belle à la diversité des décors steampunkiens dont Thierry Gioux a le secret, avec un graphisme torturé où les ombres suggèrent les détails plus qu’ils n’existent. Il est impossible de ne pas remarquer le travail incroyable des couleurs de Nuria Sagayo qui permet de dégager des ambiances de toute beauté. Très contrastées, elles illuminent la modernité de cette atmosphère victorienne tout en masquant habilement les imperfections d’un trait parfois trop compressé. Au global, le scénario mise un peu trop sur la longueur avec un déroulé du cycle qui se résume finalement en quelques lignes. Ce sont donc les actions et les rebondissements intempestifs qui rythment ce nouveau tome. Celui-ci ne manque pour autant pas d’intérêt. Le jeu d’acteurs entre Eglantine et Georges qui permet de développer la touche d’humour qui manquait, est vraiment réussi. Le flegme de l’une dans le danger répond merveilleusement au ronchonnement perpétuel de l’autre...