L'histoire :
Dans la ville d’Antès, Hel est une jeune chasseuse de reliques humaines. Le corps dénudé laissant apparaître ses nombreux tatouages, elle bondit de toit en toit, profitant de sa capacité de planer ou d’effectuer des sauts vertigineux. A la mort d’un certain Zgorski, elle se rend chez ce dernier afin d’y récupérer un objet particulier : un « janus », sorte de fœtus de bébés siamois. Elle retrouve alors ses commanditaires, deux artistes marginaux, Cyrrus et Théa, préparant une exposition particulièrement macabre. Plus tard, ceux-ci invitent Hel au vernissage, mais elle ne sait pas encore si elle doit s’y rendre. Chez elle, elle ressasse ses souvenirs, concernant ses parents, mais surtout l’apparition mystérieuse des tatouages. A la soirée de ses commanditaires, elle fait la connaissance de Fortunio Damanos, un vieil homme richissime qui souhaite racheter le janus aux deux artistes, en vain. Voyant Hel, l’homme a le regard qui s’anime d’une lueur démoniaque… Il lui susurre alors une phrase bien mystérieuse, laissant Hel penser qu’il connaît bien des choses sur ses tatouages…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entame d’une trilogie annoncée, L’éveil de la bête est une première œuvre pour Anne Renaud et Yannick Beaupuis, faisant déjà montre d’une belle maîtrise. La performance d’Anne Renaud, ancienne lauréate d’un concours Pavillon Rouge (Delcourt), est étonnante tant celle-ci multiplie les casquettes. Co-scénario, textes, dessins et couleurs sont à sa décharge ! Signalons au passage que l’auteur fut accessoirement triple championne de France de 400m haies (!). Le scénario est néanmoins le fruit d'un travail en commun avec Yannick Beaupuis, du scénario, aux personnages en passant par les scènes d'actions (Beaupuis est passionné d'arts martiaux). Captivée par les rapports complexes que peuvent entretenir la vie, l’art et la science, Renaud et Beaupuis mettent en place une intrigue et une atmosphère peu courantes. L'histoire joue sur le côté mystérieux des pouvoirs de l’héroïne et sur la recherche qu’elle effectue pour en connaître leurs origines. Les rebondissements sont nombreux et le caractère fantastique du récit apporte une ambiance atypique et passionnante. Visuellement, le dessin réaliste est magnifique et devrait plaire à un large public, notamment aux fans de comics. Le trait fin et détaillé est impeccable, et on a une ahurissante sensation de planer à chaque saut de Hel. Les décors sont souvent mis en avant grâce à des cadrages cinématographiques. Les couleurs sombres et pastelles, souvent froides (ambiance légiste !), s’alternent régulièrement, donnant une personnalité propre aux dessins. Ce premier tome réussit l’exploit d’être emballant d’un bout à l‘autre et de n’être quasiment l’œuvre que d’une seule personne. Chapeau bas, Madame ! (et Monsieur...)