L'histoire :
Vicky Lyfoung est Hmong. C'est le nom d'un peuple, le sien. Pourtant, elle se pose beaucoup de questions sur ses origines, de grandes parties de son histoire restent floues. Et lorsqu'on lui demande d'où elle vient, et qu'elle répond qu'elle est Hmong, personne n'arrive à situer son peuple. Alors, elle fait des recherches, mène son enquête pour comprendre qui sont véritablement les Hmong. Et elle va découvrir que l'histoire de son peuple est intimement liée à son histoire familiale, et qu'elle est empreinte d'une grande violence. Les Hmongs sont des montagnards nomades issus du Nord de la Chine, dont les origines reste floues. Vers 2000 avant JC, les Hmongs sont contraints par le clan Yu, chinois, de migrer vers le Sud du pays. On distingue trois branches de ce peuple, caractérisées par le port d'habits de couleurs différentes. La mère de Vicky est une Hmong verte, son père un Hmong blanc. Sous la dynastie Shang, les Hmong vont se battre contre les chinois, pour défendre leur liberté et cesser d'être opprimés. Malgré les menaces, les exterminations de masse, ils continueront de se battre, siècle après siècle, pour conserver leurs traditions. Et c'est ce que va continuer de découvrir Vicky Lyfoung.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'année des quinze ans de Vicky Lyfoung, elle découvre à la télévision un reportage de Cyril Payen sur les Hmongs, son peuple d'origine. Ce documentaire change sa vie. Elle commence à avoir un aperçu de l'histoire des Hmongs, comprendre les raisons du mutisme de ses parents sur leur passé. Et elle prend alors la décision qu'un jour, elle mettra en images tout cela. C'est chose faite avec ce roman graphique, et la boucle est bouclée. D'autant que c'est Cyril Payen qui signe la préface de ce livre. L'autrice y décrit la quête de ses origines, la découverte de son histoire avec un grand H, mais aussi de son histoire plus intime, celle de sa famille, étroitement liée au peuple Hmong. Très documentée, la bande dessinée nous en apprend beaucoup sur les difficultés éprouvées par ce peuple persécuté, la violence des guerres à leur égard, le rejet. Mais nous découvrons aussi leur culture, leurs traditions, qu'elles soient culinaires ou même sentimentales. Les dessins sont en noir et blanc. Ils sont un mélange d'inspiration manga, notamment dans la retranscription des mouvements, mais sont empreints d'une certaine candeur. Les personnages ont des têtes imposantes, faisant penser à des chibis. Le trait efficace adoucit beaucoup la dureté du récit (parfois trop ?). Une véritable découverte d'un peuple qui reste, pour la majorité d'entre nous, complètement méconnu.