L'histoire :
Jeudi 4 février 1988, Baltimore. Jay Landsman et Pellegrini arrivent sur les lieux d’un crime sordide. Laytona Wallace, une enfant de primaire, a été retrouvée sur Newington Avenue. Les deux enquêteurs parcourent chaque centimètre de cette cour où gît la victime. Ils passent en revue les détails sur leurs carnets : heure de l’appel les ayant prévenus, numéro d’unité, heures d’arrivée... Ils font un croquis de la scène de crime. Ensuite, ils se rendent chez la mère de l’enfant pour lui annoncer la terrible nouvelle. Pendant ce temps, Rich Garvey et Bob McAllister tentent de reconstituer les dernières heures de Laytona Wallace. La jeune fille a quitté l’école en fin d’après-midi pour rentrer chez elle, où elle est arrivée vers 15h. Une demi-heure plus tard, elle repartait pour la bibliothèque de Park Avenue, quatre rues plus loin. La bibliothécaire se souvient d’une fille préoccupée qui est restée perdue dans ses pensées. Elle est ressortie du bâtiment, puis a disparu. Un jour et demi plus tard, on découvrait son corps inanimé. Le légiste constate que Laytona a été étranglée avec une ficelle ou une corde, puis a reçu six coups de couteau à l’abdomen. L’enquête s’annonce compliquée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les semaines se suivent et se ressemblent pour la brigade criminelle de Baltimore, qui est sur le qui-vive avec deux enquêtes sur les bras : l’affaire Wallace avec un assassinat sordide d’une écolière et l’affaire John Randon Scott avec un meurtre commis selon les témoins par un policier. Ces deux affaires, qui ne sont pas liées, sont le prétexte pour montrer les arcanes de l’enquête. La voix off omniprésente dévoile la psychologie des policiers. Le reste de la narration est rythmé par des dialogues calibrés mais trop rares. On se plonge littéralement dans le récit écrit par David Simon, le créateur de la série (The Wire). La détresse se lit sur les visages des habitants de Baltimore. Les policiers explorent les âmes humaines et chaque recoin des scènes de crime, à la recherche du moindre indice. L’action est reléguée au second plan ; ce qui est important ici, c’est comment et pourquoi ? (comme dans un bon vieux Columbo des familles !) Avec son style comics, Squarzoni traduit en images, avec précision, les textes percutants de Simon. Il alterne des plans face caméra des protagonistes et des plans larges pour mieux montrer la complexité de l’enquête. Le dessin possède une rigidité (cadavérique !) qui le rend froid, comme pour mieux retranscrire la dimension glaciale de l’ambiance générale. En bref, voilà un bon thriller psychologique qui prend le temps de pénétrer dans l’âme humaine, mais sans jamais tomber dans le voyeurisme.
