L'histoire :
18 janvier 1988, West Baltimore. Un black est retrouvé mort, une balle dans la tête. La police est sur place pour constater les dégâts. Le sergent Jay Landsman inspecte le corps. Il est formel, c’est du calibre 38. Tom Pellegrini, son inspecteur aux homicides dans son équipe, l’informe qu’un témoin a tout vu. C’est une voisine qui était là au moment des tirs. Elle aurait vu trois blacks à capuche, habillés en noir, qui se sont enfuis vers le nord. Mrs Thompson ne veut pas témoigner, de peur des représailles, sûrement. En fin de compte, c’est sûrement un règlement de comptes entre dealers, sans témoin prêt à coopérer, sans mobile connu, ni suspect. La mort de Rudoplh Michaely Newsome, né le 5 mars 1961, le journal du lendemain n’en parlera même pas… C’est le treizième homicide de l’année. 1988 s’annonce particulièrement riche en meurtres. Pellegrini n’a pas été accueilli avec des fleurs à son arrivée dans la brigade. Pas étonnant, car il vient des services de sécurité de la mairie. Tout le monde pensait qu’il ne tiendrait pas le coup et qu’il suffirait de 3 mois pour qu’il se révèle être un tocard. Et pourtant, il a élucidé toutes les affaires qui lui sont passées entre les doigts : l’affaire Green de la cité Lafayette Court, la fusillade de North Avenue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« À Baltimore, il y a une règle. Toute affaire qui ressemble à une tempête de merde, qui a le goût ou l’odeur d’une tempête de merde, va directement aux homicides » Avec cette phrase, le décor de cet album est planté. Là-bas, pour un flic, toutes les théories du monde ne valent rien s’il n’est pas capable de déchiffrer la rue. Il doit la sentir, l’apprivoiser pour mieux comprendre ce qui se passe dans la tête d’un criminel, pour mieux traquer sa proie et la mettre derrière les barreaux. Un bon flic arrive à trier le bon grain de l’ivraie. Avec son intuition, il reconnaît les mensonges et les vérités. Philippe Squarzoni adapte le récit documentaire Homicide, A Year on the Killing Street de David Simon. David Simon est le créateur de la série TV à succès The wire (Sur écoute). En 1988, il a passé un an au sein de la brigade criminelle de Baltimore. Ce tome 1 d’Homicide raconte le quotidien des flics de cette ville du nord-est des États-Unis, pendant le début de l’année 1988 (18 janvier – 4 février 1988, plus précisément), bien loin de ce qu’en a fait Hollywood. Ici, on est dans le vrai, dans le vif du sujet, au milieu de la violence urbaine. Alternant voix off et dialogues, Squarzoni capte l’essence de ce quotidien des inspecteurs qui font leur job dans les quartiers déshérités. Dans son dessin à l’âme comics, il traduit la détresse humaine, la tension entre les dealers et les difficultés rencontrées par les policiers. La prédominance du noir et blanc aux nuances de gris renforce la noirceur de la ville, à peine rehaussée par le rouge sang et le jaune des bandes indiquant les scènes de crime. Un formidable travail de reconstitution qui ne manquera pas de captiver les amateurs de polar…