L'histoire :
1. L'homme sans clef. Tout va pour le mieux dans la cité d'Horologiom où les règles strictes fonctionnent à merveille. À l'extérieur, dans le désert, un jeune homme fuit les canibes agressifs. À bord de son véhicule, il parvient à les semer, mais il n'a pas bien regardé la route : lui et sa voiture tombent dans une crevasse. À travers une grotte, il arrive dans la cité d'Horologiom. Fasciné par ses habitants mécaniques, il contemple ce nouvel endroit. Cependant, la police remarque tout de suite qu'il n'a pas de clef. Il doit donc être éliminé selon la loi.
2. L'instant du Damockle Le comité religieux se réunit pour parler du problème de l'homme sans clef. Le Prédicateur est inquiet devant ce mauvais signe qui pourrait gripper la machine. Il faut donc utiliser les grands moyens : lâcher l'Etre Contraire ! Cette créature bestiale est la seule qui sera à même de retrouver une autre créature avec le même instinct primaire. L'Etre Contraire sent le tricorne de Mariulo. En quelques secondes, il part à sa recherche. Pendant ce temps, terré dans la ville basse, le vieux savant raconte comment il est devenu un paria dans sa ville.
3. Nahédig. Delth fait son rapport à son père. Il raconte ce qu'il s'est passé dans le labyrinthe et comment il a pu utiliser le Damockle pour éliminer l'Etre Contraire. Cependant, la mission a été plus compliquée que prévue, puisqu'il a dû se cacher au moment où un autre fonctionnaire arrivait juste après lui. À la description du personnage, le père reconnaît tout de suite Eskasy, le dangereux criminel. Mais pourquoi le gouverneur veut-il supprimer l'Etre Contraire ? Heureusement, Delth a su être discret et il a continué à suivre Eskasy. Ses frères ont pris la relève pour faire une filature et comprendre ce que veut l'odieux personnage.
4. La nuit du requinqueur Sacharine est désespéré. Son ami Nahédig est mort sous ses yeux, Haxe a trahi tout le monde et Mariulo a disparu, certainement arrêté par la police. Rien ne peut aller plus mal. Heureusement, Manac'h refait son apparition. Son patron n'a jamais été aussi heureux de le revoir. L'ancien remonteur redonne espoir à Sacharine et lui montre la voie à suivre. Il montre le couteau qui prouve que Nahédig a voulu le tuer. Il est persuadé que Mariulo a besoin de leur aide...
5. Le Grand Rouage. Sacharine, Haxe, Mariulo et Alph attendent l'arrivée de Kapuroh. La machine volante finit par se poser et Alph se précipite pour accueillir son père. Or ce n'est pas Kapuroh qui en sort, mais Eskasy, armé d'un pistolet ! Le gouverneur descend à son tour et admire enfin l'homme sans clef. Alph est inquiet pour son père. Eskasy raconte que Kapuroh a encore trahi Sacharine. Cette fois, il les a vendus contre une place dans le nouveau gouvernement, qui se fera après la chute du comité religieux. Le gouverneur a accepté, mais il ne partageait pas les rêves de Kapuroh qui voulait créer une démocratie. Il l'a donc fait éliminer une fois les renseignements obtenus. Désormais, l'homme sans clef va pouvoir combattre le Saint et renverser l'ordre établi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Delcourt publient l'intégrale du premier cycle (qui comprend cinq tomes) d'une série vraiment à part : Horologiom. Son auteur, Fabrice Lebeault, a marqué les esprits en 1994 avec cet univers à mi-chemin entre la science-fiction et le steampunk, délicieusement rétro, avec un brin d'imaginaire qui n'appartient qu'à lui. Bienvenue dans un monde atypique où tout est possible : le Saint est un champion de la lutte, les policiers ont de longues moustaches en guise de tentacules, le Grand Rouage est Dieu en personne, les immeubles sont en forme de becs d'oiseaux, la clef qui permet de remonter les automates est en forme de cœur, les horloges sont de grands échalas qui parlent en faisant des rimes... Tout est incroyablement dépaysant, des personnages secondaires au décor. Le graphisme est si inventif qu'on croirait voir l'œuvre d'un inventeur fou. Lebeault s'en donne également à cœur joie pour exploser ses planches, inventer des formes et structures géométriques et ajouter des détails saisissants. On se croirait plongé dans les cités délirantes de François Schuiten, mâtiné de l'univers créatif d'Andréas ! Les aventures merveilleuses et ébouriffantes de Mariulo, cet enfant aux cheveux roux et au masque blanc indélébile, sont des petites pépites d'originalité, de suspense et d'actions. Tout est prenant, de bout en bout. Les personnages sont attachants et très nombreux et les différentes intrigues sont complexes et pleines de courses-poursuites et de manipulations. C'est comme si Le Petit Prince de Saint Exupéry voyageait à travers les rêves de Little Nemo, le tout écrit par la plume de Lewis Caroll. Sauf que lesdits rêves sont des cauchemars peuplés de créatures robotisés et de mécanismes complexes. Derrière l'exotisme unique et les trouvailles folles, c'est bien une dystopie féroce qui se cache dans le souffle de l'aventure. Les automates ne sont que des pantins victimes d'un règlement étriqué (d'où peut-être ces constantes formes strictes et cubiques) et la religion n'est qu'une autre façon de manipuler les robots. Une véritable œuvre, dans tous les sens du terme, via laquelle Fabrice Lebeault fait preuve d'une précision d'horloger.