L'histoire :
Depuis qu’elle a été internée en psychiatrie dans un état de démence avancée, la journaliste Marine Daumal rédige en boucle son histoire invraisemblable. Son ami Richard accède à une copie du dossier et se souvient : il y a quelque semaines, Marina lui expliquait qu’elle menait une enquête sur un mystérieux livre trouvé dans une « grotte » lors du percement d’une ligne de métro sous Paris. Elle ignorait alors que ce début de piste allait la mener sur une énigme qui dépasse les lois de ma métaphysique… Elle ignorait aussi qu’elle était espionnée de près par Samspad, un détective qui vient du futur. Justement, dans cet avenir lointain, Samspad est missionné par le grand PDG de la Tradebook Agency, qui détient le monopole de la commercialisation des « oracles ». Il lui est demandé de retrouver la trace d’une anarcho-terroriste qui vient d’échouer à dérober un livre dans un coffre surprotégé par des drones armés. Or cette anarcho-terroriste ressemble curieusement à Marina… Enfin, en une ère médiévale recouverte par un manteau de neige, le frère Ayguemard peine à se concentrer sur sa mission de copiste et se questionne sur sa foi. Il est en effet troublé à la fois par Blanche, l’aguichante épouse du Seigneur, et par la clé qui pendouille à son cou. Celle-ci ouvre – très certainement – la porte de cette intrigante niche découverte dans la bibliothèque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est bien gentil les séries qui ménagent leur suspens et leurs explications jusqu’au dernier tome, mais tant qu’on ignore le fond de la problématique, on n’est jamais certain qu’il ne s’agit pas d’une arnaque scénaristique (genre Lost ou Blair Witch). En effet, de nouveau, le scénariste Sébastien Viaud entrecroise trois époques dans ce second volet, autour d’une même idée – de l’importance du livre et de la transmission du savoir par l’écrit – mais en restant volontairement énigmatique sur leurs imbrications entre elles et la finalité de l’intrigue. D’un côté, au moyen-âge, le moine copiste Ayguemard est torturé par le désir de la chair (succombera t-il à Blanche ?). De l’autre, dans notre bon vieux présent contemporain, la journaliste Marina enquête sur un mystérieux livre et un ingénieur dément , espionnée de près par un détective qui vient du futur – une 3e époque où la raréfaction des ouvrages en fait des joyaux, considérés comme des « oracles ». Et c’est à travers elle, il le sait, qu’il trouvera… qu’il trouvera… Comme le conclue ce second tome, « il faut prendre [son] mal en patience et attendre… et attendre encore. En revanche, le dessinateur Adrien Villesange, pour qui il s’agit également de la première série de BD, met en place une ligne graphique déjà bien aboutie, lisible et convaincante, bien que commune. Le plus probant est son aisance et la cohérence de son style, quelque soit la période, médiévale, contemporaine ou future. Vivement le prochain tome tout de même, qu’on puisse crier au génie ou au scandale !