L'histoire :
Tout part en vrille dans ce futur national peut-être pas si éloigné de nous que ça. Profondément agacé par son don de réussite à toute épreuve, le « Vétéran », héros télévisé d’un reality show sécuritaire, a définitivement pété un plomb. Rendu invulnérable par sa chance, il a attaqué le studio TV qui diffusait son émission, provoquant un véritable carnage et bousillant tout moyen de diffusion. Il joue à présent sur le toit du building avec ses pistolets à eau comprimée, défiant la mort en attendant la suite. Ce sera un missile, qui détruira tous les immeubles alentours… à l’exception d’une colonne en ruine au sommet de laquelle le Vétéran patiente ! Pendant ce temps, le Président de la république d’extrême droite se rend dans le labo top-secret où se déroulent des recherches sur des êtres améliorés génétiquement, pour en faire de futures vedettes de security show. Mais là aussi, les choses ne se passent pas comme prévu. San Kukaï le chimpanzé télépathe parvient à moduler ses fréquences d’émission et à irradier alentours de micro-ondes, jusqu’à s’en faire exploser la boîte crânienne… Les savants cobayes restent bloqués dans un état de modification génétique prononcé…Un autre perd le contrôle de 4 colosses humanoïdes… Surtout, une présence fantôme dans le bâtiment se révèle des plus inquiétantes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prévue en 3 tomes, Idoles est sans doute l’une des séries d’anticipation les plus ambitieuses de ces dernières années au sein du 9e art franco-belge. Tout part d’une bonne idée, comme il en vient parfois d’outre atlantique ou du soleil levant. Cela parle du mauvais usage de la chance, de pouvoirs extraordinaires découlant d’une science sans conscience, de la dictature médiatique par le tout sécuritaire… Le tout est intelligemment assemblé, sur un mode narratif plutôt direct et mature, emprunt d’un cynisme idoine. Côté graphisme, Emem s’en donne à cœur joie pour mettre en relief les scènes démentielles rendues possibles par le scénario en béton de Matthieu Gabella (un nom à suivre de près, et pas seulement dans le milieu de la BD !). En ayant recours aux manipulations génétiques, le scénariste accorde une légitimité quasi réaliste à cette histoire de super-héros à la française. Et les répercussions de ces expériences dépassent largement le cadre du spectaculaire, comme cela est souvent le cas dans les comics américains. Certes, il faut savoir se poser deux secondes et se concentrer un minimum pour suivre toute la complexité du récit, et relier entre elles les séquences disjonctées auxquelles on assiste. Mais une fois cette narration exigeante décryptée, quel plaisir !