L'histoire :
Le 30 mai 1431, Jeanne d’Arc vient d’être brûlée vive à Rouen. Un petit garçon naît à Paris, il se prénommera François. Sa mère, très jeune femme, a évité l’échafaud de justesse, persécutée par Thibaut d’Aussigny, le terrible évêque d’Orléans. La jeune femme a déjà eu les deux oreilles coupées, en punition de deux vols. Quelques années plus tard, elle sera exécutée pour un autre vol qu’on lui imputera abusivement, enterrée vivante devant le gibet de Montfaucon. Dès son enfance, Villon est marqué par l’échafaud. Il est recueilli par un moine, Guillaume de Villon, qui lui enseigne les fondamentaux et lui permet de suivre des études juridiques. Quelques années plus tard, François Villon, étudiant peu assidu, mène une vie dissolue et dissémine ses poèmes dans les tavernes de Paris ou les cloue sur le gibet de Montfaucon. Avec son ami Robin, il écume les estaminets et se rit de la mort. Mais la nuit, sa souffrance libère ses larmes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean Teulé a d’abord été un auteur de BD reconnu. Pilier de L’écho des Savanes depuis la fin des années 70, il a gagné le prix de l’ACBD à Angoulême en 1984 pour son adaptation du roman de Vautrin, Bloody Mary. Désormais auteur de romans à succès, c’est à lui d’être adapté, avec par exemple Charly IX ou La Montespan. Je, François Villon a été salué unanimement par la critique pour sa qualité et pour l’audace de son auteur à raconter la biographie de l’un des plus grands poètes français à la première personne. On ne sait pas vraiment quand il est né, on ne sait pas avec précision quand il est mort et sa biographie laisse des trous béants, propices à notre imagination. Mais François Villon a laissé des pages entières de poésie dure, folle, sensuelle, à l’image d’un homme qui a brûlé sa vie comme la Pucelle avait été brûlée. Si Teulé avait touché juste, Luigi Critone frappe fort. Cette intégrale rassemble les plus de 200 pages de sa trilogie qui a mis huit ans à se dessiner, ce dont se moque (avec tendresse) Teulé dans une très courte préface. Mais la précision, la qualité du dessin de l’italien sont immenses, il a réussi séquencer son récit d’une manière extrêmement efficace, économe en mots. Mais c’est aussi à cela que l’on reconnaît une bonne adaptation, quand le dessinateur a su recréer l’ambiance de l’auteur sans avoir à réutiliser ses mots. Critone y réussit parfaitement, donnant au lecteur de grands moments de jouissance et de liberté, mais aussi des moments de gêne insupportables, lorsque le héros va trop loin, et ça lui arrive trop souvent… La division en courts chapitres, introduits par des vers de Villon, facilite la lecture et crée un lien réel avec le poète. Surtout, c’est beau, de la première à la dernière page. L’intégrale est d’ailleurs agrémentée d’un petit carnet de croquis et d’esquisses, pour le plus grand plaisir du lecteur.