L'histoire :
Guy Tabarie est inquiet de ne plus jamais voir son ami François dans le quartier de la Sorbonne. Aux bains, Villon lui explique qu’il n’a plus sa place parmi les étudiants et les clercs, qui l’évitent depuis l’émeute sanglante du 9 mai. C’est le moment que choisit Colin de Cayeux pour se présenter au poète. Chef des Coquillards, plus grande troupe d’écorcheurs de Paris, il lui propose de rentrer rejoindre les « ignobles ». Le poète, attiré par cette aventure, va accepter de relever les défis qui s’imposent à lui et qui vont le faire glisser parmi la fange humaine. Un vol, puis un meurtre et enfin un cadeau à ses nouveaux « amis ». La première étape, le vol, se passe mal. Colin lui enjoint de dérober la bourse d’une pauvre veuve pleurant sur la tombe de son mari. Découvert, Villon est battu à mort par la foule. Ayant recouvré ses esprits, il passe quelques jours plus tard à la nouvelle étape, le meurtre, devant témoin. Sa descente aux enfers a commencé. Elle ne s’arrêtera désormais plus.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Trois ans après le premier tome, Mais où sont les neiges d’Antan, Luigi Critone revient à François Villon. C’est probablement très difficile de s’y mettre, surtout quand on aime le poète. Parce que le livre de Jean Teulé, écrit à la première personne, est un immense cauchemar, où le héros torturé ne peut s’empêcher de tomber dans toutes les pires bassesses, attiré par le mal comme un moustique par la lumière. Se mettre dans la peau de ce personnage qui accepte de faire les pires horreurs alors qu’il ne les supporte visiblement pas est un calvaire. Et c’est clairement ce que Critone ne réussit pas à faire. Son dessin est toujours aussi élégant, léger et très poétique. Il tranche avec l’histoire qui est clairement plus que pathétique. Pire, il l’adoucit dans une espèce de faute de goût. On ne sait pas si c’est le manque de rythme, ou la réécriture, mais on n’entre pas dans cette BD comme dans le chef d’œuvre de Teulé. Celui-ci est tourmenté, sombre et terrifiant, rehaussé de moments de grâce et de génie ; celle-là est assez monocorde. Critone donne à voir, doucement et joliment, quand Teulé se proposait de nous faire rentrer dans la tête d’un fou, d’un génie, d’un des plus grands poètes de notre histoire… C’est à la fois une vraie déception, mais Critone arrive tout de même à proposer une histoire qui se lit bien, sans trop de rythme, mais avec beaucoup d’élégance. Un gentil moment, donc, malgré tout. Et il reste encore à finir ce triptyque…