L'histoire :
Le jour où Jeanne d'Arc meurt sur un bûcher, en 1431, naît un petit bébé nommé François. Son père vient d'être pendu pour avoir dérobé une chemise d'accouchie. Six ans plus tard, sa mère sera condamnée au supplice pour avoir volé des cerises alors que le prévôt l'avait expressément interdit. Enterrée dans une fosse aux chiens, dénudée, chevilles et poignets liés, sa mère meurt étouffée. A seulement six ans, François Villon l'orphelin, a déjà connu les pires atrocités. Recueilli par le chanoine de Saint-Benoît, il est alors envoyé dans le meilleur collège de Paris. Huit ans plus tard, il apprend que Robin a bouffé sa mère en pâté. Elève indiscipliné et provocateur, le jeune François Villon préfère écrire des poèmes, se faire dépuceler et boire de l'hypocras. Vagabond et voleur, il fréquente aussi bien les clercs que les rois, les marginaux que les assassins. Voici le parcours sulfureux et la biographie romancée du premier poète punk de l'Histoire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le Montespan, Je, François Villon est le deuxième roman de Jean Teulé à être adapté en BD chez Delcourt. Au crayon, Luigi Critone, déjà connu pour le très bon Sept Missionnaires, s'en sort avec les honneurs. Alternant scènes contemplatives, dialogues d'intérieur et plans plus dynamiques, Critone parvient à camper le Paris de la fin du Moyen-Age sans souci (rues étroites et pavées, maisons à pans de bois) tout en restituant la violence d'époque, lors de laquelle les exécutions arbitraires n'étaient pas rares et la mort omniprésente, presque quotidienne. On découvre alors un François Villon impertinent, provocateur voire insupportable, tour à tour voleur et menteur, jamais avare en actes subversifs. Insolites parfois, mais toujours crédibles, les dialogues ont été travaillés avec minutie et ça se voit. Toutefois la BD convainc moins en matière de rythme et de narration, la faute peut-être à la linéarité d'un scénario qui manque singulièrement de ressorts. Au bout des 80 pages, restent tout de même en mémoire quelques moments savoureux, toujours surprenants pour nous autres modernes : la mère de Villon mangée sous forme de pâté, l'exécution du frère de Robin à la bouillure ou Jean Bezon se faisant couper la main sans détour. On sourit et on flippe à la lecture de ce parcours atypique, révélant un poète hors-norme, maudit dès sa naissance, qui a trouvé une manière d'exorciser ses fantômes par la subversion. Bref, d'une lecture agréable, on en attendra pourtant davantage dans les deux tomes suivants.