L'histoire :
Les sous-marins secrets équipés de lance-missiles ont quitté St Nazaire et attaqué Londres depuis la baie de la Tamise. L'état français, dominé par les fascistes d'Oméga et le chef de l'état Pierre Laval, a finalement cédé à ses démons et relancé une nouvelle guerre de cent ans contre l'ennemi héréditaire. Mais la non-agression signée avec la Russie va voler en éclats lorsque Staline lance l'invasion de la Pologne, et organise sa progression vers les frontières allemandes. Tandis que l'Amérique de Roosevelt décide d'apporter son soutien aux anglais contre les visées expansionnistes françaises. Le retour du général de Gaulle est alors organisé en secret depuis l'Afrique du Nord, où il s'est illustré par de spectaculaires victoires contre les anglais. De nombreux dignitaires d'Oméga sont convaincus que la défaite est proche, et prennent la route pour aller se réfugier en Espagne. Une partie des officiels voudrait voir De Gaulle organiser un coup d'état pour prendre le pouvoir, et structurer la défense de la France menacée d'un débarquement anglo-américain. Du côté des résistants de la France libre réfugiés dans les territoires contrôlés par Londres, on se demande pourquoi les plans dérobés par Léo et fournis aux renseignements américains n'ont pas permis d'éviter la quasi destruction de Londres. La réal-politik a probablement pris le dessus dans la stratégie de Roosevelt. La bataille pour l'influence en Europe de l'Ouest est désormais lancée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En trois volumes, à savoir les albums Jour J 14, 18 et donc 21, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau ont dressé le portrait fouillé d'une France devenue un état fasciste au cœur de l'Europe du milieu des années 30. Un travail d'historien autant que de scénariste, qui repositionne les grands noms de la seconde guerre mondiale autour d'hypothèses différentes, les nouveaux venus de cet opus ayant notamment pour noms Sartre, Camus et Mitterrand. Les épisodes qu'ils inventent fourmillent de références aux côtés parfois peu glorieux de la personnalité de ces célébrités, n'épargnant personne dans leur cruauté uchronique. Sartre qui harangue une foule de manière quelque peu opportuniste, ou Mitterrand qui discute avec un Bousquet peu recommandable. La somme des trois volumes offre désormais au lecteur une belle continuité, favorisée par le travail avec un même dessinateur, en l'occurrence le très précis Maza. Ce dernier donne des visages constants et convaincants aux personnages qui traversent cette tranche d'Histoire parallèle (l'incroyable Simone de Beauvoir en porte-parole du régime), avec un souci appuyé des décors et des combats aériens bien mis en scène. Comme d'habitude, on regrette un peu la profusion d'interventions pas forcément nécessaires de grands noms de l'histoire (ici l'écrivain Céline), mais il faut accepter le jeu qu'aiment jouer les deux scénaristes avec ce concept globalement très bien mené. Ce nouvel opus confirme la grande cohérence d'une série-concept grand-public qui maintient, tome après tome, un beau niveau d'exigence.