L'histoire :
Lors d'une soirée en terrasse à Hong-Kong, la femme d'un attaché d'ambassade évoque le bâtiment sinistre de l'autre côté de la rue. Une ancienne caserne de police qui serait hantée, que David B meurt tout naturellement d'envie de visiter. Un vieux policier au look de mafieux va lui raconter la légende du Dieu des murailles, et lui permettre d'en découvrir davantage sur le mystérieux édifice entouré de barbelés. Quelques mois plus tard, à Osaka, sous le coup du jetlag, c'est le spectacle d'un groupe d'adolescentes dans une salle de jeu qui va le plonger dans des rêves délirants de monstres en peluche. Mais son directeur de collection le convainc que les histoires de fantômes qui l'obsèdent ne vont pas intéresser grand monde. En apprenant l'existence du Shangxiao, un lutin japonais qui se transforme en créature purement sexuelle, il va pouvoir laisser libre cours à son imagination...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
David B poursuit son cheminement débuté en Italie à travers, cette fois, des souvenirs de Hong Kong et du Japon. Le propos est assez particulier puisqu'il consiste à laisser son imagination graphique s'envoler sur la base d'anecdotes vécues assez banales. Tout l'intérêt de ce travail semble résider pour l'auteur dans ces échappées oniriques qui se répètent et transforment les personnages et les lieux en des créations visuelles qui déforment la réalité. Des délires en forme de trips, portés par des références artistiques où se mêlent des cultures lointaines et des références aux premiers peintres semi abstraits du siècle dernier. Pour accéder à ces rêves éveillés, il faut accepter l'enchaînement un peu répétitif de scènes où l'auteur explique qu'il est arrivé là, soit avec son éditeur, soit avec un attaché d'ambassade, et qui laissent l'impression d'une démarche un brin mondaine où David B fait partie des bagages d'une délégation officielle. Ces épisodes vécus en 2005 sont en réalité hors du temps et disent peu de choses des pays visités. Il ne s'agit pas de carnets de voyage qui proposeraient un regard sur la société réelle, mais bien d'une plongée dans le cerveau d'un créateur qui partage ses sensations. Il faut de sa part une bonne dose de confiance pour proposer ces délires au lecteur qui, de son côté, devra être un fan absolu pour y trouver la continuité d'une œuvre. Mais l'auteur fondateur de l'Association, désormais tout proche de la soixantaine, et fort de dizaines d'album en marge des courants grand-public, aurait tort de se poser des questions sur son art. Avec ce nouvel opus, il ne surprendra ni ses fidèles lecteurs, ni ses irréductibles détracteurs.