L'histoire :
Fabrice Tarrin, auto-croqué en lémurien, déménage de Paris à Montpellier. Et ça commence mal : dès 9h du mat’, un de ses potes à coincé l’ascendeur avec un carton. Il faut appeler un réparateur, et qu’il vienne de toute urgence. Idéalement, dans les 30 secondes ! Car le créneau de location de la fourgonnette et la pénible traversée de la France entrent dans un planning très serré… Après avoir inventé une histoire de pote claustrophobe en proie à une peur panique, un salarié sympa débarque et arrange le coup. Puis à 10h, c’est le départ pour Montpellier (direction Reims…), où il faut arriver avant 22h, pour une histoire de plots à débloquer (il habite désormais dans une rue piétonne). Vers 1h du mat, après avoir réveillé le vigile, lui et ses potes, psychiquement bien fatigués, commencent le déchargement. Un clodo éméché se joint à la bande, étale de la crotte de chien dans tout l’escalier, abime les murs et raye les meubles… Vers 4h du matin, il est l’heure d’aller garer la camionnette ailleurs. Il faut bien 2h de manœuvre pour l’avancer de 5 mètres, après en avoir enfoncé tout le flanc gauche contre une poubelle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme bien d’autres avant lui (et après aussi), Fabrice Tarrin a succombé en 2007 aux bienfaits psychologique du blog, à des fins de journal intime-partagé (sic). Auto-croqué sous les traits d’un petit lémurien (aux grands yeux oranges !), il s’y est donc mis à raconter ses anecdotes quotidiennes, intimes jusqu’à un certain point. C’est par ce travail régulier et sans doute exutoire, toujours consultable aujourd’hui (ici : http://www.fabricetarrin.com/blog/), que Lewis Trondheim a été emballé. Il faut dire, c’est franchement fendard, et la popularité du blog en témoigne. Tout y est vrai, évidemment passé au crible de la caricature et de l’exagération, propres à l’exercice. On y apprend donc son déménagement à Montpellier, l’hébergement de Cyril, un pote schizophrène qu’il traine comme un boulet, sa relation avec Lolita, la fille de Renaud le chanteur (woah !) et mille et une petites chroniques de la vie ordinaire. A l’origine de nombreuses situations ubuesques, Cyril pique presque la vedette à l’auteur, tout comme la célébrité de Lolita suscite un intérêt redoublé sur la période où elle partage sa vie. Côté graphisme, c’est dessiné rapidement, avec néanmoins un rough préalable au crayon bleu (souvent laissé apparent) et en noir et blanc (à l’exception, donc, des yeux oranges). Ce style ne reflète pas vraiment l’étendu du talent de Tarrin, dessinateur issu de la classique école franco-belge (mieux vaut se payer le dernier Une aventure de Spirou par Yann et Tarrin), si ce n’est une belle spontanéité de trait et un vrai sens de la caricature animalière. Pour exemple connu, le Renaud-renard est superbement bien cerné ! Et Lewis Trondheim aussi, mais ça, c’était déjà plus fastoche, au regard du code graphique mis en place par le directeur de collection sur sa propre personne. En attendant un probable second recueil, n’hésitez pas à consulter le blog : les aventures véridiques du lémurien s’y poursuivent en avant-première…