L'histoire :
Jean, hacker de son état, est poursuivi par les autorités. Durant sa fuite, le jeune homme atterrit malencontreusement au cœur de la forêt amazonienne, seul endroit en cette année 2137 où l’on trouve encore végétaux et animaux en abondance. Si l’Amazonie n’a pas encore été pillée par les dix milliards d’êtres humains qui vivent sur Terre, c’est tout simplement à cause d’un accident nucléaire qui a rendu la forêt inexploitable 119 ans plus tôt. Riche d’une faune et d’une flore qui ont subi de lourdes mutations, l’Amazonie est considérée comme un espace hostile où la probabilité de survie ne dépasse pas 4%. Au cœur de cette forêt, Jean trouve une cabane comme endroit sûr pour appeler ses amis hackers à l'aide. Mais il tombe nez à nez avec Kanopé, la propriétaire du lieu. La jeune femme défend son territoire en attaquant l’intrus avec son couteau. Or au moment où elle transperce la combinaison de survie de Jean, un bruit strident retentit et la fait fuir. Le soir venu, Kanopé revient silencieusement chez elle et découvre le jeune homme en train de dormir dans son lit. Elle s’approche et remarque qu’il n’a pas l’air en très bonne santé. Réveillé en sursaut par la présence de la belle amazone, Jean, effrayé, se met à crier et la fait une nouvelle fois fuir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour sa première œuvre, Louise Joor, qui assure seule scénario, dessin et couleurs, propose carrément un one-shot de 124 pages rudement abouties, traitant de l’environnement et des conséquences nucléaires. Dans un univers futuriste plausible, la scénariste nous présente en préambule un monde où l’être humain a surexploité toutes les ressources existantes, à l’exception d’une zone sinistrée suite à une catastrophe nucléaire : l’Amazonie. Au cœur de cette forêt, l’auteure fait se rencontrer une jeune femme qui vit de chasse et de cueillette, et un hacker issu d’une civilisation où les gens ne connaissent même pas la viande et les légumes. Dès le début de cette histoire, on est happé, noyé par cette magnifique forêt luxuriante. L’absence de dialogue renforce encore cette immersion. On suit avec intérêt la vie de Kanopé et lorsqu’on commence à s’habituer à la fois au silence et aux sons de la forêt, l’homme, par l’intermédiaire de Jean, arrive comme un chien dans un jeu de quilles. Déjà totalement immergé au cœur de l’Amazonie, on découvre avec beaucoup d’intérêt l’évolution de la relation entre les deux protagonistes issus de cultures diamétralement opposés. Et au fur et à mesure, on en apprend à la fois davantage sur ceux qui peuplent la forêt mais aussi sur la « civilisation » dont provient Jean. Or non seulement l’histoire est captivante, mais les dessins sont également une vraie réussite. La forêt amazonienne est belle et donne vraiment envie de s’y immerger. Et si les décors et le découpage sont particulièrement riches, les personnages ne sont pas en reste puisque ils sont charismatiques, dynamiques et attachants. Pour une première, Louise Joor livre un excellent divertissement grand-public et intelligent, à découvrir au plus vite !
