L'histoire :
Ania a perdu son mari il y a quatre ans déjà, mais elle ne parvient toujours pas à décider de reprendre sa vie en main. Son appartement est jonché de bouteilles vides, l'alcool lui tient beaucoup trop compagnie, alors que sa jeune voisine insiste régulièrement pour l'emmener avec elle dans ses sorties. Ce soir encore, Renée frappe à la porte et insiste pour qu'Ania vienne avec elle, qu'elles aillent boire du vin, rencontrer des gens, danser ! Mais elle va rester enfermée, et parler comme souvent à son mari comme s'il était encore là. Le lendemain matin tout aura changé, lorsque les badauds trouvent sur le pavé le corps de Renée, visiblement tombée d'un étage de l'immeuble. Un homme qui se trouve sur place lorsqu'Ania reconnait le corps, hurle à la foule que sa voisine n'a pas pu se suicider, qu'il doit s'agir d'autre chose. Il la prend à part pour lui parler. Il lui explique un étonnant projet de mariage, et parle également du passé peut-être trouble de la jeune femme qui aimait tant danser. Ania l'écoute mais refuse de croire à tout ça, elle décide alors de mener sa propre enquête. Tout va démarrer avec une photo trouvée dans un livre caché chez sa voisine. Trois femmes dont la défunte, le nom d'un bar au dos et une mystérieuse signature...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette enquête policière dans le Paris des années folles est pleine de fougue, à l'image de son personnage principal, jeune immigrée russe qui jure dans sa langue maternelle. Le scénario suit une progression erratique en début d'album mais arrive progressivement à avancer de manière traditionnelle. On vit de nombreux petits évènements qui semblent importants sur le moment mais finalement disparaissent du récit, qui met, de ce fait, un peu de temps à trouver son rythme. Les recherches d'Ania nous promènent dans des paysages parisiens de l'époque et ne manquent pas l'occasion de montrer de belles rues ou de jolies voitures. Les dessins d'Etienne Oburie révèlent encore toutefois une grande marge de progression. Ses découpages sont hésitants, tout comme sa difficulté à choisir entre des visages aux expressions-types des mangas (bouche grande ouverte ou lunettes rondes qui cachent les yeux de l'héroïne) et un semi-réalisme plus traditionnel pour tous les autres protagonistes. On sent beaucoup de volonté de générer des effets narratifs, mais un manque d'expérience assez visible, et des choix qui rendent parfois perplexe, à l'exception d'une page très réussie de nuit d'insomnie dans les toutes premières pages. Sa collaboration avec la scénariste et le mariage entre les deux visions du récit ne se ressentent pas vraiment, et laissent l'impression d'une histoire réalisée un peu vite, ce qui est probablement très injuste pour les deux auteurs.