L'histoire :
Déjà plus de deux ans que le Cambodge, transformé en Kampuchéa démocratique, a perdu son sourire. Soldats de 14 ans perdus au sein de l’armée révolutionnaire, citadins forcés de prendre la route de l’exode vers leurs villages natals, ou paysans soumis au travail forcé, tous vivent le même cauchemar dans un pays dévasté par un ennemi du même sang. Tous ces camarades doivent s’acquitter de leurs « devoirs de révolutionnaire ». Aucun, même le plus indéfectible soldat, n’échappera à l’absurdité d’un régime au sein duquel se demander « pourquoi » constitue le dernier acte de résistance possible.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’heure où l’on se remémore les victimes de la Shoah, celles de Pol Pott et de l’Angkar restent dans l’oubli et le silence. Pourtant, du 17 avril 1975 au 7 janvier 1979, date de la fin de ce cauchemar, plus de 3 millions de personnes auront été déportées vers les campagnes et 2 millions auront été exterminées dans un pays qui comptait 7 millions et demi d’habitants. Trois années d’horreur pour le peuple cambodgien, vécues sous le regard complaisant d’une communauté internationale aboulique. Au travers de ces différents portraits, Sera, lui-même originaire du Cambodge, retrace le quotidien de ces hommes et femmes sous la terreur. Avec un dessin réaliste aux tons monochromes, il restitue l’univers lugubre et sanglant de ces années d’effroi. Il manque peut-être juste à ces portraits une trame commune qui, en les reliant, apporterait un peu plus de clarté au récit. Au travers de ces destins parallèles, Sera signe une œuvre avant tout pédagogique sur un génocide trop mal connu. A l'occasion de la réédition de son œuvre autobiographique complète, cet album – second de la série – est remis en page avec une nouvelle couverture.