L'histoire :
Un commissaire et un inspecteur de police se rendent sur une scène de crime. Un homme, Gabriel Bertier, 38 ans, célibataire sans enfant, garde-forestier, résidant au 10 000 rue des victimes de meurtre, a été assassiné en pleine rue, d’un coup de sabre en travers le buste. La rapidité de la mort a été telle que la rigidité cadavérique l’a empêché de tomber sur le sol : le mort est toujours en position debout, une jambe levée et les bras écartés, le sabre planté dans le buste. Pour autant, l’autopsie révèlera que la lame a évité tous les organes vitaux et que la victime est décédée d’une réaction allergique à l’amoxicilline. Un témoin s’avance et précise qu’il est peut-être – il dit bien peut-être – le meurtrier. Ce prénommé Justin se trouve être le frère de la victime et bizarrement, il vient de changer son patronyme deux heures avant le crime, pour s’appeler désormais Justin Tueur. Suspect, non ? Les deux policiers décident de mener l’enquête à charge contre ce présumé criminel. Le jour de l’inhumation, les policiers s’aperçoivent que Mr Tueur est présent. Or les statistiques montrent que beaucoup de meurtriers vont aux funérailles de leurs victimes. Peut-être le fait qu’il soit son frère est-il destiné à brouiller les pistes ? Un collègue de travail de Gabriel Bertier prend alors contact, caché sous une voiture, avec le commissaire pour lui faire part d’une suspicion…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous êtes adeptes des films absurdo-délirants ZAZ (Y-a-t-il un pilote dans l’avion, Un flic pour sauver la reine…), de l’humour décalé de Fabcaro, de la Cite de la peur de les Nuls ou de la saga TV Pamela Rose ? Cette Enorme enquête scénarisée par Lorrain Oiseau est faite pour vous, même si ce genre de comique qui s’appuie sur des répliques à l’humour décalé et absurde vit relativement difficilement son passage au format de l’art séquentiel bédessiné. Il faut en effet être patient le temps de running-gags ou de mises en situation dialoguée, le temps que la grosse couillonnade tombe, à tout moment dans la page. Le ton est très vite donné, avec un meurtre aberrant à coup de sabre (non létal !) et une victime figée au moment crucial du meurtre. Même les plis de sa veste sont restés dans le mouvement subi à ce moment T. Et il se trouve au milieu d’un périmètre de sécurité ridicule d’1m². S’ensuit une enquête crétine, qui s’amuse à se perdre dans des détails sans importance, pourvu qu’ils recèlent de grosses vannes ou de jeux de mots. Le dessin à la palette infographique de Yann Rambaud joue la carte du réalisme, mais très sommaire, sans expressivité de personnages et sans trop de décors. Les personnages souvent cadrés en buste balancent une majorité de répliques sur des fonds blancs ou gris, et ça n’est pas plus grave que ça, étant donné le registre humoristique très particulier. Les adeptes de l’exercice découvriront cela avec amusement, par petites doses.